Au sens large, la liberté apparaît, le plus souvent, comme un pouvoir inhérent au sujet humain de faire ce qu'il lui plaît, de suivre son caprice, d'agir à sa fantaisie, d'aller où bon lui semble sans subir aucun joug. Nous expérimentons la liberté au quotidien et il faut reconnaître que nos choix rythment notre vie. Vue ainsi, elle représente le bien le plus désirable. Ainsi, prendre des décisions, faire des choix, éliminer un éventail de possibilités semble tout à fait révéler notre liberté. D'ailleurs ne dit-on pas « libre comme le vent » ? Cependant nous pourrions nous demander si faire tout ce que l'on veut est la seule condition d'une vraie liberté. Il est également utile de vérifier si la liberté, utilisée seule, passivement, n'est pas une pure illusion et si un tel libre-arbitre est franchement possible ou suffisant. Peut-être que la liberté est ailleurs, qu'il faut des règles, des devoirs, des ordres qui la régissent pour qu'elle soit vécue pleinement et totalement, et qu'elle devienne un magnifique parterre de fleurs qui ne nuise à personne. Il est probable que la liberté ne s'effectue point passivement mais qu'elle soit le fruit d'un exercice rationnel, d'un combat pour la conserver. Nous verrons l'insuffisance et la fragilité d'une liberté résidant uniquement dans des choix hasardeux.
Etre libre signifie-t-il forcément faire tout et n'importe quoi ? Pour être libre, suffit-il de faire ce qu'on veut ? Un libre arbitre total est-il possible ? La liberté n'est-elle pas autre ? Ne s'exerce-t-elle pas dans le cadre de la morale, du devoir ou en présence d'autrui ? Que faut-il faire pour être vraiment libre ?
[...] L'homme est seul dans l'univers, et son essence n'étant pas préétablie, il lui faut se définir en existant, en choisissant à chaque instant sa voie puisqu'il est libre, toujours libre, même dans les plus effroyables moments de sa passion, libre jusqu'à la nausée Et les protagonistes sartriens qu'ils se nomment Oreste, Mathieu ou Hugo mettent constamment en avant la condamnation à être libre et cette angoisse est retracée tout au long des ouvrages de Sartre, à la manière de Kierkegaard, lui aussi effrayé par le vertige que procure la liberté. La conscience nous révèle que nous sommes libres et que l'on ne peut faire autrement. Il faut faire des choix, dont nous sommes foncièrement responsables et auxquelles nous devons donner sens. Telle est la devise du sartrien, pour qui l'homme n'est que son projet. [...]
[...] Le libre arbitre n'est-il pas récusable ? Ne faut-il pas, pour jouir pleinement de la liberté, l'utiliser de manière plus rationnelle et constructive ? Peut-on parler de déterminismes ? La notion de libre-arbitre n'est peut-être pas exempt de tous reproches et l'on peut tout à fait se montrer suspicieux envers elle, tout comme le fit Spinoza : Il n'y a dans l'âme aucune volonté absolue ou libre, mais l'âme est déterminée ceci ou cela par une cause qui est aussi déterminée par une autre. [...]
[...] Plus loin encore, la liberté est synonyme d'accomplissement d'un devoir, de soumission à une morale qui permet d'agir convenablement. Ainsi, souvent, celui qui commence par ne faire que ce qu'il veut, regrette-t-il, sur le tard, de ne pas avoir cherché sa vraie liberté dans la soumission à quelque grande règle, qui puisse donner à l'arbre périssable, l'immortalité de la forêt Bibliographie - René Descartes, Méditations métaphysiques - Jean-Paul Sartre, L'existantialisme est un humanisme, p36-38 ainsi que l'Etre et le Néant, p505 - Platon, Gorgias - Saint-Thomas d'Aquin, Somme théologique, p83 - Spinoza, Traité théologico-politique, T2, p267 ainsi que l'Ethique et la Lettre LVIII dans Oeuvres. [...]
[...] A priori et à première vue, il suffit amplement de faire tout ce qu'il nous plaît pour être libre. Descartes et Sartre nous le confirment dans l'infinité de la liberté. Aller partout, suivre tout simplement son libre- arbitre n'est cependant pas tout à fait véridique. Le libre-arbitre est douteux, on en conviendra. Ainsi, l'on s'oriente vers une rationalisation de la liberté, vers un contrôle et une maîtrise des choix. Il faut comprendre les déterminismes et remettre en cause sa liberté, si l'on s'en tient aux propos de Spinoza. [...]
[...] Il convient d'avoir une approche rationnelle de la liberté tout comme pour les désirs ! Ce n'est pas faire ce que l'on veut qui nous rend libre, mais c'est obéir constamment aux lois de la rationalité : La liberté n'est à celui qui dans son entier consentement vit sous la seule conduite de la raison évoque-t-il dans son Traité Théologico-Politique. Nous pouvons illustrer ce même point de vue par Leibniz, qui met en relief le fait que l'on n'agit pas indifféremment, sans motif, car rien n'est sans raison En effet, notons que plus on a de raisons claires et distinctes d'agir, plus on est libre, car l'homme est intelligent et il est en capacité de maîtriser ses choix. [...]
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