Lorsqu'on se demande s'il y a contradiction entre être libre et être soumis aux lois, « être soumis aux lois » peut s'entendre de deux façons : 1) être soumis aux lois de la nature, aux lois scientifiques ; 2) être soumis aux lois politico-juridiques et morales. Comme le mot loi n'a pas le même sens dans les deux cas, il faudra distinguer les deux problématiques (...)
[...] Si les lois ont cependant pu assurer certaines libertés réelles au cours de l'histoire, l'hypothèse d'un dépérissement de l'État dans une société sans classe semble poser l'éventualité d'une liberté qui ne serait plus soumission à des lois juridiques ou politiques. Mais pourrait-elle vraiment faire l'économie de toute règle éthique, alors que la possibilité d'une disparition de la loi juridique pose déjà problème ? Conclusion L'expression être soumis aux lois morales ou politiques risque de faire oublier que celles-ci ne tombent pas du ciel, que l'homme en est aussi l'auteur, qu'il peut donc s'interroger sur leur valeur, travailler à les modifier, voire les renverser. Si ces pouvoirs manifestent sa liberté, celle-ci peut encore s'exprimer dans ses lois. [...]
[...] Ces théoriciens, cependant, parlent des lois telles qu'elles devraient être, non de celles qui existent. Sur ce dernier plan, comment s'articulent loi et liberté ? B. L'esprit des lois On a dit que Montesquieu était le fondateur de la science politique. Il s'oppose, en effet, à l'idéalisme des théoriciens qui, comme Rousseau, veulent savoir ce qui doit être pour bien juger de ce qui est (Émile). Son projet, Montesquieu le formule ainsi : Je ne traite point des lois, mais de l'esprit des lois, [ . [...]
[...] En est-il de même sur le plan moral et politique ? II) Liberté, lois morales et politiques A. Liberté naturelle et liberté civile La philosophie politique classique oppose l'état de nature à l'état civil Elle conçoit la cité comme l'unité que doivent constituer des volontés individuelles d'abord séparées, voire conflictuelles, par l'intermédiaire d'un contrat En conséquence, on comprend que la liberté naturelle des individus soit en totale contradiction avec la soumission à des lois politiques. L'homme qui a un droit illimité à tout ce (lui le tente et qu'il peut atteindre (Rousseau, Du contrat social) ne peut se soumettre à une loi commune sans perdre ce droit. [...]
[...] Peut-on refuser de reconnaître en l'homme tout espace d'intervention subjective, en ignorant son intériorité, en laquelle il s'apparaît à lui-même comme sujet doué de comportement volontaire ? C. Concilier loi scientifique et liberté Mais n'est-il pas possible de concilier loi scientifique et liberté ? Avec Spinoza nous pouvons en effet poser qu'être libre, c'est agir selon les lois de sa nature. La liberté d'affirmer ou de nier est une fiction : Les hommes se trompent en ce qu'ils pensent être libres, et cette opinion consiste uniquement pour eux à être conscients de leurs actions, et ignorants des causes par lesquelles ils sont déterminés. [...]
[...] Sur ce plan comme sur le plan des lois politiques, il convient donc de surmonter l'apparente contradiction de la liberté et de la loi. [...]
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