Le droit de vote est un droit fondamental de la démocratie : or ce pouvoir d'élire, c'est-à-dire de choisir entre différents candidats ou propositions, c'est ce qui caractérise à la fois l'homme libre et la nation libre. La liberté reposerait-elle alors entièrement sur ce pouvoir de choix, ou prendrait-elle en compte d'autres éléments ?
Le problème qui se pose ici est celui de la définition de la liberté (à distinguer de celui de son existence), et nous tâcherons de le résoudre en le confrontant à la notion de choix. En effet, l'acception la plus banale de la liberté se définit par le pouvoir de se déterminer pour ceci plutôt que cela, c'est-à-dire par le pouvoir de choix. Mais cette liberté est celle de la volonté, et l'étude du rapport entre liberté et choix, se formulant comme suit : « la liberté réside-t-elle dans le choix ? » présuppose d'autres formes de liberté, qui se distingueront ou peut-être s'opposeront à celle de la volonté. L'une des questions qu'il nous faudra résoudre est la suivante : nier que l'homme puisse choisir, est-ce nier la liberté ? La réponse n'est affirmative que si l'on considère la liberté de la volonté comme seule liberté humaine ; elle ne l'est plus si l'on tente une redéfinition de la liberté qui soit prendrait en compte le pouvoir de choix, mais le décréterait insuffisant, soit nierait ce pouvoir, et ferait donc résider ailleurs la liberté humaine. Aussi convient-il de déterminer la part exacte du choix dans la liberté humaine.
[...] Ainsi, le libre arbitre est remis en question : mais nier la liberté de la volonté conduit-il nécessairement à nier la liberté elle-même ? Pas nécessairement. La théorie de Spinoza selon laquelle la nécessité règne dans la nature, et donc aussi dans l'homme l'homme n'est pas dans la nature comme un empire dans un autre empire (Éthique, Préface au Livre III) est une idée largement reconnue aujourd'hui, depuis que l'on connaît mieux les lois naturelles par le biais de la science. [...]
[...] Mais ne peut-on pas chercher à remonter en deçà du motif lui-même, pour interroger ce qui le constitue comme motif ? À l'image de Schopenhauer qui remonte à la base du choix pour découvrir son caractère de nécessité, remontons à la base de l'être pour y découvrir le fond du problème : la liberté, jusqu'ici considérée comme une propriété de la volonté, s'y révèle n'être autre chose qu'une structure de l'existence. L'existant, concept forgé par Kierkegaard et que reprendra plus tard Sartre, ne peut pas faire autre chose que de se déterminer par ses actions : il existe avant d'être et, en vertu de cette qualité, existe en choisissant, en se choisissant. [...]
[...] Être libre, est-ce pouvoir choisir ? Le droit de vote est un droit fondamental de la démocratie : or ce pouvoir d'élire, c'est-à-dire de choisir entre différents candidats ou propositions, est ce qui caractérise à la fois l'homme libre et la nation libre. La liberté reposerait-elle alors entièrement sur ce pouvoir de choix, ou prendrait-elle en compte d'autres éléments ? Le problème qui se pose ici est celui de la définition de la liberté (à distinguer de celui de son existence), et nous tâcherons de le résoudre en le confrontant à la notion de choix. [...]
[...] Pour Descartes, la liberté se réduirait-elle au seul libre arbitre ? Non, car cette indifférence des instants où je ne balance pas d'un côté plutôt que de l'autre, puisqu'aucune raison ne m'y pousse, est le plus bas degré de la liberté, et fait plutôt paraître un défaut dans la connaissance, qu'une perfection dans la volonté (Quatrième Méditation). En effet, un niveau plus élevé de la liberté serait celui par lequel je choisis d'aller à droite et non à gauche parce que je sais que c'est la voie à prendre : la liberté de la volonté est la base de la liberté, mais elle ne peut que médiocrement se réaliser sans la connaissance et surtout, sans connaissance aucune, elle nous mènerait vite à l'erreur. [...]
[...] Elle consiste en ce que l'homme peut soumettre à son esprit les différents motifs qui le poussent dans des directions opposées, et dont un seul déterminera la volonté. Toutefois, ce mécanisme qui semble la base de la liberté de la volonté est, pour Schopenhauer, la preuve même de son inexistence : en effet, la délibération ne fait que peser les différents motifs, jusqu'à ce que le motif le plus fort oblige les autres à lui céder la place et détermine seul la volonté : ainsi, l'issue du conflit des motifs, la résolution, est aussi nécessaire que si la délibération n'avait pas eu lieu ; l'homme a simplement le pouvoir de prendre conscience des autres motifs, pouvoir qui justifie l'illusion de liberté qu'il entretient, mais leur choix ne dépend pas de lui. [...]
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