Bonheur, humain, morale, universalité, niais, oligarchie, tyrannie, démocratie, nihilisme, bonnes moeurs
« La morale est l'hygiène des niais [...] ». Par cet aphorisme marquant, André Suarès, dans Voici l'homme, nous faits part d'un rapport - le sien bien assumé - entre le bonheur et la morale, non pas entendue au sens de « pensée comme prétendant à l'universalité et focalisée sur le devoir » (se distinguant alors de l'éthique) selon une des définitions que l'on peut trouver dans un lexique de philosophie d'Olivier Dekens (et d'après, plus lointainement, de la haute acception kantienne de la morale), mais comme règles de conduite qui valent en un groupe humain et dont ses coutumiers se prévalent.
[...] ) au détriment de la morale véritable qui ne peut être réductible à un ensemble de règles et normes de comportement relatives au bien et au mal, au juste et à l'injuste, en usage dans un seul groupe humain en un temps donné. Outre cette distinction opérée entre ces deux sens du mot « moral » nécessaires à la bonne compréhension de cette citation, nous pouvons voir le parti pris de Suarès ici : bienheureux sont les simples d'esprit, et ceux-ci se portent bien parce qu'ils ne souffrent pas les turpitudes d'une recherche incertaine de principes universels qui restent toujours à nommer, définir, préciser, soumises à l'examen profond de l'esprit qu'ils exigent, car la morale au sens haut est fondée par recherche de la Vérité qui l'anime. [...]
[...] Partant, il n'y aurait plus à chercher à être une bonne personne, à devenir un « honnête homme », un homme bon, si l'on place la recherche du bon-heur, de l'accomplissement de l'occasion d'une vie fortunée (et non de fortune) comme priorité et sens qui détermine la conduite d'une vie. À ce compte, l'honnêteté (au sens fort) se passerait de bonheur, et le bonheur d'honnêteté. Or « où manque le bonheur, toute fatigue est vaine » comme dit le proverbe espagnol : s'évertuer à devenir une personne bonne (encore s'agira-t-il de préciser ce que l'on entend par « bonne ») se résumerait à des efforts entrepris pour rien si cette quête de perfectionnement moral qu'assume certains ne conduisait pas certainement au bonheur. [...]
[...] Une question s'impose alors finalement : être heureux et être une bonne personne, est-ce compatible ? [...]
[...] Pour autant, peut-on honnêtement avancer qu'être heureux et être une bonne personne soit résolument incompatible ? Peut-on dire que ces deux prédicats de l'être sont logiquement et pratiquement antinomiques, c'est-à-dire ne peuvent apparaître ensemble en une proposition sans que son sens en soit invalidé, ni plus que se manifester de paire en un être, aussi sage soit-il ? Par exemple, un homme de bien peut-il être un homme bien en régime où il est admis que la bonne fortune d'une personne la rend fortunée ? [...]
[...] Être heureux et être une bonne personne, est-ce compatible ? - Introduction « La morale est l'hygiène des niais [ . ] ». Par cet aphorisme marquant, André Suarès, dans Voici l'homme, nous faits part d'un rapport - le sien bien assumé - entre le bonheur et la morale, non pas entendue au sens de « pensée comme prétendant à l'universalité et focalisée sur le devoir » (se distinguant alors de l'éthique) selon une des définitions que l'on peut trouver dans un lexique de philosophie d'Olivier Dekens (et d'après, plus lointainement, de la haute acception kantienne de la morale), mais comme règles de conduite qui valent en un groupe humain et dont ses coutumiers se prévalent. [...]
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