L'étrangeté est le caractère de ce qui est étrange, ainsi elle se caractérise par son côté insolite, anormal, indéfinissable voire inquiétant. L'étrangeté semble donc être un phénomène négatif car elle appartient à ce qui est différent, différent de nous et de notre réalité et de la normalité. L'étrangeté angoisse plutôt qu'elle ne rassure car elle n'a pas d'ancrage dans le réel dans lequel nous vivons. Elle sort de nos habitudes car elle exprime une nouveauté qui ne semble pas convenir au réel. Dès lors l'étrangeté s'oppose à la réalité et à la normalité (...)
[...] L'étrange utilisé par les artistes dans leur œuvre a pour but de révéler l'étrangeté absolue du monde et de l'être dans ses rapports au monde. L'étrangeté déboussole, nous fait perdre nos repères dans le sens en fait où il donne un nouveau point de vue sur la réalité, et non parce qu'il s'oppose à la réalité. En effet une chose est étrange parce qu'elle est donnée comme naturelle, et se passe de justification. Pour Baudelaire même, l'étrangeté permet de révéler la beauté du monde. L'étrangeté est le condiment nécessaire de toute beauté En effet pour lui le laid était aussi beau. [...]
[...] Ce qui est beau n'est pas ces canons conventionnels de l'esthétique classique mais bien la réalité dans toute son étrangeté, cad dans toute sa singularité, son excentricité. C'est pourquoi le poème une charogne fait partie de ces plus beaux poèmes, alors qu'il a pour thème principal la décomposition d'un corps, ce qui n'a rien de beau. Heimlich = unheimlich Ainsi étrangeté et réalité se confondent, ce que n'a pas manqué Freud de constater notamment dans son étude "L'inquiétante étrangeté (Das unheimliche)" où il apparaît que le premier sens de, heimlich, «familier, aimable, intime» glisse jusqu'à donner «secret», «sournois», «inquiétant», si bien qu'en raison de son ambivalence, le terme finit par se confondre en une sorte de glissement avec son contraire, unheimlich : étrange, inquiétant, sauvage. [...]
[...] C'est pourquoi l‘étrangeté et le réel ont partie liée car l'étrangeté ne peut exister sans le réel qui lui donne ses références. Il est à la fois familier et louche, ce qui le rend étrange. Le rôle de l'habitude Mondialisation aidant, l'étrangeté tend à disparaître. Un Persan paraissait étrange aux lecteurs de Montesquieu ("Comment peut-on être persan Un Iranien n'a rien d'étrange à nos yeux. L'étrangeté d'un pays n'est pas intrinsèque. C'est le caractère irréconciliable du voyageur et du pays qui fait l'étrangeté de la description. [...]
[...] Elle inquiétante justement parce qu'elle échappe à la stabilité du réel dont nous avons l'habitude et dont nous pouvons facilement nous repérer. Ainsi l'étrangeté s'oppose à qu'on a l'habitude de voir, ressentir. L'étrangeté ne correspond donc pas à ce qu'on peut constater normalement dans la réalité, elle s'oppose donc au réel, à l'ordinaire car elle déboussole la réalité et nous fait perdre nos repères. Cependant pour tout un chacun l'"inquiétante étrangeté" apparaît chaque fois que la frontière entre réalité et fiction devient floue. [...]
[...] Il y a donc partie liée entre étrangeté et réelle. La frontière n'est pas nette entre les deux, elle est floue. En effet comme nous l'avons dit précédemment le sentiment d'étrangeté est un sentiment de malaise ressenti en présence d'un être, d'un objet ou d'un paysage qui sont justement familiers et qui est provoqué par l'impression bizarre de ne plus rien reconnaître. L'étrangeté ne peut se manifester que par référence la réalité, c'est la réalité qui donne toute sa profondeur à l'étrangeté. [...]
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