L'étranger est l'objet d'expériences multiples : objet de curiosité ethnographique, objet de goût, de folklore, d'exotisme, objet de connaissance, objet d'appréhension, de fascination ou de peur voire des deux (...)
[...] Penser l'étranger comme premier veut dire que l'identité dépend de montages progressifs, construction qui passe par beaucoup de facteurs collectifs et individuels. L'identité est donc relativement contingent. Cette construction peut donner un résultat plus ou moins stable, et parfois un résultat pas stable du tout, et un résultat qui peut s'éffondrer complètement (mélancolie, schizophrénie). Cette précarité de l'identité subjective fournit la base d'une explication psychologique de la xénophobie. Cette explication psychologique a des limites ne suffisant pas à rendre compte des formes diverses de la xénophobie (contextes sociaux, historiques . [...]
[...] L'absence de sens est première et c'est la tâche de l'existence que de lui donner du sens. Cette absence de sens se manifeste dans la perception d'être étranger au monde, un monde que l'on n'habite pas, un monde dans lequel on ne reconnaît pas. Ce sentiment d'étrangeté au monde à un corréla : le fait d'être étranger à son propre monde est le corréla d'être étranger à soi-même. Une impossibilité d'habiter son monde et une impossibilité de s'habiter soi-même. Si le narrateur n'éprouve pas l'évènement qui lui arrive, n'éprouve pas cet évènement, ce n'est pas pour une raison pathologique, c'est pour cette raison de sens ou d'absence de sens. [...]
[...] Refuser ce rapport à l'autre serait une façon de s'abolir soi-même comme sujet ? Un problème d'anthropologie culturelle : la dialectique du soi et de l'autre ne se déroule pas simplement dans l'esprit spéculatif du philosophe mais fonctionne effectivement dans des champs socio-culturels concrets, le thème impose de mettre en question la manière dont une société ou un groupe culturel donné organise sa perception et sa représentation de ce qu'il considère comme lui étant étranger. On peut en attendre un éclairage sur la constitution des entités collectives. [...]
[...] Le vécu est toujours secondaire, conditionné. L'absence de sens peut être vécu mais seulement dans une situation limite que FREUD appelle l'angoisse. L'affecte, le senti, le vécu est toujours conditionné par des constructions symboliques de sens, si ces structures symboliques s'effondrent ou vacillent le vécu vacille aussi. Sur un plan psychique, dans le domaine de la vie psychique et psycho- pathologique (expériences extrêmes, douloureuses de la vie psychique), ce que FREUD appelle l'inquiétante étrangeté, parfois aussi étrangement familier. Il fait l'analyse d'un conte d'Hoffman. [...]
[...] La rencontre de l'étranger comme alter ego cesse d'aller de soi, n'est plus immédiat, elle devient une tâche. Il serait de l'ordre d'un devoir d'établir les conditions de cette reconnaissance fondamentale dont pourrait dépendre ensuite les échanges éventuels avec les autres personnes. Une éthique de la rencontre qui devrait se maintenir à distance de deux écueils : rejeter l'étranger du côté d'un simple objet, et éviter de se crisper sur notre propre subjectivité comme si elle était mise en péril par l'éventualité toujours ouverte que cette autre personne me réduise à un objet. [...]
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