Dans cet extrait d'Éthique à Nicomaque, le philosophe grec de l'Antiquité Aristote aborde le lien entre bonheur et philosophie. L'"activité rationnelle" ainsi nommée par l'auteur, en d'autres termes raisonner, réfléchir, mettre le monde en idées et en mots peut-elle mener au bonheur et si oui pourquoi ? Fidèle au projet philosophique que représente Ethique à Nicomaque, guidé par la quête d'un bonheur érigé en "souverain bien" parmi d'autres actions et valeurs morales appelées "vertus", Aristote éclaire la philosophie non seulement comme voie du bonheur, mais aussi comme le plus idéal des chemins.
[...] Dans le premier paragraphe de l'extrait, Aristote s'attache à définir les vertus de la raison en tant que chemin vers le savoir Il pose d'emblée le postulat que le travail intellectuel de connaissance est la qualité la plus estimable de toutes, mais n'explicite pas le pourquoi exact de cette assertion. Ce que l'on peut préciser néanmoins, c'est qu'il se situe là dans la tradition antique de la philosophie en son sens étymologique « d'amour de la connaissance » guidant la vie au quotidien. Plus précisément, on peut penser qu'Aristote place la raison sur ce piédestal, car elle est le propre de l'être humain et donc notre richesse la plus précieuse, notre plus grande valeur, « la meilleure partie de nous-mêmes ». [...]
[...] Aristote souligne ainsi que s'il est possible que le politicien exerce son emploi en en tirant du plaisir - par les honneurs, la notoriété - cette jouissance n'est pas inscrite dans ses missions Être politicien signifie bien mener la barque des affaires sur son sujet, pas obligatoirement d'en tirer un quelconque bénéfice au-dessus de celui de la cité, comme d'avoir du succès amoureux, d'être une figure médiatique admirée. La mission du politique n'implique des plaisirs éventuels qu'en périphérie, en soi Aristote semble avancer que c'est plutôt une série de missions ne contenant que des complications et des obligations, une lourde responsabilité, une absence de fait d'indépendance. [...]
[...] Elles sont nécessaires, mais pas attractives en soi : ce qu'on désire chez elles, c'est uniquement ce qu'elles construisent ou permettent de loisir ou de plaisir dans un second temps ou en parallèle (pensée que nous avons discutée plus haut). Quoi qu'il en soit, on peut relever qu'Aristote fait d'ailleurs ici une distinction essentielle : si le bonheur est la vertu suprême, il n'est pas le seul et il ne faut pas obligatoirement qu'une vertu contienne du plaisir pour être appelée comme tel. [...]
[...] La notion de durée évoquée ici par l'auteur est de fait primordial dans la pensée d'Aristote sur le bonheur, la permanence étant assimilée à la tranquillité d'un esprit qui limite les perturbations en ce qu'elles sont source de gêne, de souffrance ou de déplaisir. L'imprécision de l'impermanence, son incertitude, ses changements, sont ainsi considérés comme dommageables et doivent être évités : une ligne de conduite qui sera poussée plus loin par le stoïcisme par exemple, école de résignation paisible face à tous les éléments de l'existence, deuil compris. [...]
[...] De la lecture de cet extrait d'Éthique à Nicomaque se tire un des socles fondateurs de la philosophie occidentale antique : la philosophie en tant qu'acte de pensée n'est pas qu'une simple gymnastique abstraite et cérébrale. C'est une véritable voie pour un bonheur à appliquer au quotidien d'une part pour poursuivre une vie de plaisirs, la connaissance étant un délice en elle-même, de l'autre en se livrant à un travail qui permet de se grandir tout en s'évitant (autant que faire se peut) les dommages et blessures d'une existence humaine. [...]
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