Lorsqu'on cherche à la définir, à la codifier en la réduisant à la série de ses manifestations, elle se dérobe ou se tait. Aucune norme universelle ne peut l'enfermer. Aucun système ne peut la cerner. Mais paradoxalement, à travers sa diversité, son ubiquité même, dans sa manière d'échapper partout à toute prise, la beauté confirme sa commune présence et dit son unité. Il est à remarquer que plus elle fuit l'analyse intellectuelle, plus elle se révèle à l'expérience sensible. Mais comment l'observer dans son essence même ? Et plus globalement, une esthétique pure est-elle possible ? Ce questionnement nous amène à nous interroger sur le sens exact du mot esthétique. (...)
[...] Si la couleur est la lumière organisée, ne doit-elle pas avoir un sens comme les combinaisons de l'air ont le leur ? J'entrepris deux bouquets par lesquels j'essayai de peindre un sentiment. Figurez- vous une source de fleurs sortant de deux vases par un bouillonnement, retombant en vagues frangées, et du sein de laquelle s'élançaient mes vœux en roses blanches, en lys à la coupe d'argent ? Sur cette fraîche étoffe brillaient les bleuets, les myosotis, les vipérines, toutes les fleurs bleues dont les nuances, prises dans le ciel, se marient si bien avec le blanc Cette description de BALZAC extraite de son ouvrage Le lys dans la vallée, nous permet de nous faire déjà une idée de ce qu'est la beauté. [...]
[...] En tant que gnoseologia inferior, l'esthétique élargit en effet le champ de la philosophie, tout en restant sous la tutelle de la science logique. Alors que la logique analyse les représentations claires et distinctes de l'âme, l'esthétique se penche sur les représentations obscures, sensibles(sensations et imaginations). Toute connaissance aspire à la vérité : la connaissance inférieure, esthétique, la ressent la reconnaît de façon obscure et prépare ainsi la connaissance supérieure, claire. La tâche de l'esthétique consiste dans l'aboutissement de la connaissance sensuelle ; la perfection dans le domaine des sens n'est autre que la beauté, c'est pourquoi l'esthétique est philosophia poetica. [...]
[...] Aucun système ne peut la cerner. Mais paradoxalement, à travers sa diversité, son ubiquité même, dans sa manière d'échapper partout à toute prise, la beauté confirme sa commune présence et dit son unité. Il est à remarquer que plus elle fuit l'analyse intellectuelle, plus elle se révèle à l'expérience sensible. Mais comment l'observer dans son essence même ? Et plus globalement, une esthétique pure est-elle possible ? Ce questionnement nous amène à nous interroger sur le sens exact du mot esthétique. [...]
[...] C'est là une grande nouveauté dans le développement de la doctrine kantienne. Jusqu'à la Critique de la Faculté de Juger, KANT n'avait admis que deux attitudes possibles de l'homme. D'une part, c'est l'homme qui connaît, qui cherche à mettre de l'ordre dans la multiplicité indéfinie de ses impressions, à réduire à des lois la diversité incohérente des phénomènes. D'autre part, c'est l'homme qui agit, qui, face aux mobiles qui sollicitent sa volonté, s'efforce de déterminer celui auquel tous les autres doivent se subordonner et oppose à l'impulsion des désirs et des instincts matériels le rempart du devoir et le commandement de la raison. [...]
[...] Dans l'état de contemplation, il y a comme une finalité sans fin, puisque la contemplation est à elle-même son propre but, puisque le spectateur ou l'auditeur ne prétendent à rien si ce n'est à l'activité harmonieuse de leurs facultés. Ainsi, pour KANT, une esthétique pure n'est possible que si en nous les facultés essentielles peuvent s'exercer sans considération du motif, qui désormais ne joue plus que le rôle de prétexte. Mais alors si l'œuvre d'art n'est plus qu'un prétexte ou même une simple occasion pour un plaisir subjectif, n'oublie-t-on pas de mettre en lumière la réciprocité du sujet et de l'objet dans l'acte esthétique ? [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture