Les cas ne sont pas rares où nous ne savons plus nous contenir. Naturellement dans la colère ou artificiellement dans la consommation de drogue.
Ces deux cas symptomatiques d'une absence de maîtrise de soi ont une structure commune. L'essence de telles manifestations se trouverait dans l'impossibilité partielle ou complète de gouverner notre conduite, mouvements, paroles ou pensées (...)
[...] Comme lui il est contrainte d'autant plus forte que la machine est plus difficile à plier selon la belle expression de Pascal. La question que nous nous étions posés était: Est-on toujours maître de soi? Nous sommes maintenant en mesure de répondre que la maîtrise de soi ne fait pas partie de notre être. Elle relève du devoir être. Notre nature serait plutôt susceptible de se laisser aller au jeu des passions. Mais alors, faut-il renoncer à l'être jamais si nous ne pouvons l'être toujours? [...]
[...] Mais l'attitude est universelle. Elle caractérise l'éthique chinoise et la superbe indifférence du bouddhiste. Qu'est-ce qui peut, alors, justifier qu'une telle attitude de calme et de maîtrise de soi soit ainsi valorisée en tous lieux et constamment, jusqu'à et y compris être exigée des gouvernants avec tant d'insistance? Et la philosophie consiste en ceci : à veiller à ce que le génie qui est en nous reste sans outrage et sans dommage, et soit au-dessus des plaisirs et des peines; à ce qu'il ne fasse rien au hasard, ni par mensonge ni par fauxsemblant; à ce qu'il ne s'attache point à ce que les autres font ou ne font pas. [...]
[...] Ce n'est plus alors le terrain du fait que nous devons aborder la question de la maîtrise de soi mais celui du droit. Or, comment Descartes lui-même, à partir de son analyse minutieuse des mécanismes de la passion, parvient-il à rejoindre le point de vue moral de la maîtrise de soi comme expression de cet idéal de sagesse dont il a été question dans l'introduction? ART En quoi on connaît la force ou la faiblesse des âmes, et quel est le mal des plus faibles. [...]
[...] Ce serait folie que de le vouloir. Mais elle repose sur une possibilité toujours menaçante: la sérénité, la maîtrise de soi, est une conquête, et notre soumission aux passions toujours menaçante. Les Stoïciens l'ont bien vu qui s'appuient sur le principe physique de l'imprégnation pour appliquer les principes théoriques et pratiques de la sagesse à tout moment grâce à un ressassement infini des règles qui doivent guider leur conduite et produire en eux la conversion nécessaire à la restauration de leur nature originaire. [...]
[...] Et, au contraire, ceux qui se réservent et se déterminent à une plus grande vengeance deviennent tristes de ce qu'ils pensent y être obligés par l'action qui les met en colère ; et ils ont aussi quelquefois de la crainte des maux qui peuvent suivre de la résolution qu'ils ont prise, ce les rend d'abord pâles, froids et tremblants ; mais, qui quand ils viennent après à exécuter leur vengeance, ils se réchauffent d'autant plus qu'ils ont été plus froids au commencement, ainsi qu'on voit que les fièvres qui commencent par le froid ont coutume d'être les plus fortes. Descartes, Les passions de l'âme, livre III Que nous apprend, en lisant ces articles des Passions de l'âme de Descartes, la description phénoménologique de l'absence de maîtrise de soi? D'abord ceci: La colère est un sentiment complexe fait de haine, d'aversion, d'indignation et d'amour pour soi-même. Elle s'accompagne toujours du désir de se venger. Mais la description ajoute à la complexité des sentiments qui composent la colère des manifestations physiques: tremblements, pâleur . [...]
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