Le désir est le manque d'un objet que l'on ne possède pas, qu'il soit réel ou imaginaire et une tendance vers cet objet. Il va entraîner chez l'individu une projection dans l'avenir et une vie qui se construit par rapport à des buts. Pour penser sa vie de façon moins quantitative et donc de façon qualitative, il faudrait exercer un certain contrôle sur ses désirs, en être maître, ce qui reviendrait à pouvoir les trier, en éliminer certains, exercer sur eux un pouvoir de contrôle. Mais est-on maître de nos désirs ? Dans quelle mesure peut-on les contrôler ? Ne sont-ce pas eux qui nous contrôlent ? Existe-t-il un juste milieu entre l'emprise que nous avons sur nos désirs et celle qu'ils ont sur nous ?
[...] Nous pourrions imaginer que l'homme n'a pas le contrôle de ses désirs ou qu'il est contrôlé par eux. Pour commencer, nous pouvons considérer que nos désirs sont des caractères propres à notre condition humaine et qu'ils font partie de nous ; dans ce cas, exercer un contrôle sur eux semble impossible. Selon Pascal, le désir est une forme de détournement de l'esprit, qui procure à l'homme du divertissement, pour oublier sa condition faible et mortelle. La satisfaction est dans le désir lui-même et non dans son accomplissement. [...]
[...] Par exemple, dans son livre les psychopathologies de la vie quotidienne, Freud mentionne l'exemple suivant : à une soirée, un jeune homme est séduit par une jeune femme dans une robe au décolleté plongeant et désirerait lui adresser la parole, seulement, il n'ose pas. Discutant avec d'autres personnes, il aborde le sujet d'une exposition qu'il a trouvé très décoré, cependant il dit de celle-ci qu'elle était très décolletée. Le mot exposition prend alors ici un double sens. Son désir refoulé de séduire la jeune femme réapparait dans une conversation d'ordre banal, sans qu'il s'y attende. [...]
[...] Ce désir ne l'a-t-il pas contrôlé en étant à l'origine de toutes ses décisions ? Pour prendre maintenant l'exemple du désir amoureux, dans un amour de Swann de Marcel Proust, le personnage principal, Swann, un bourgeois connu dans la haute société, s'éprend un jour d'Odette de Crécy, qui ne correspond pourtant pas à ses goûts. Son amour va aller croissant, il va cesser de fréquenter les salons aristocratiques pour ne plus se consacrer qu'à celui des Verdurin, où Odette se rend chaque soir. [...]
[...] Le désir se transforme alors en un mal qui a entièrement pris part de l'être. Dans le livre L'Herbe bleue, une jeune fille de quinze ans tombe un jour dans le piège de la drogue. Elle est prête à tout (jusqu'à la prostitution) pour trouver de l'argent pour assouvir son désir, voire son besoin, de prendre des stupéfiants. Son désir pilote sa vie jusqu'à la pousser à se détruire. On peut donc constater à quel point le désir peut nous contrôler et nous maitriser en ayant une place majeure dans notre vie. [...]
[...] Et si une certaine régulation et un certain contrôle de nos désirs sont possibles, après beaucoup de travail sur soi-même, pour apprendre à vivre mieux en savourant le présent, ce sont souvent eux qui ont le dernier mot, par l'inconscient. Mais contrôler ses désirs nous rendrait-il réellement plus heureux ? N'est-ce pas le propre même de l'homme que de désirer ? Ne serait-il pas malheureux sans désirs ? [...]
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