L'amour est un sentiment essentiel dans la vie d'un homme. On dit souvent familièrement que l'on cherche « l'âme sœur », comme si cet être que l'on veut aimer était unique, presque introuvable. Ceci explique que l'on pense que le véritable amour serait presque impossible, et que l'on ne trouverait jamais le bonheur parfait. Mais est-il vrai qu'il n'y a pas d'amour heureux ? Que ce soit dans l'amour de l'Autre comme dans l'amour de soi, il semble en effet que le désir reste insatiable, et que l'on ne puisse y trouver une entière et parfaite satisfaction. Pascal affirme d'ailleurs que l'amour véritable de l'autre n'existe pas, et que l'amour de soi ne rend que misérable. Pourtant, l'amour de soi comme l'amour d'autrui semblent être des dispositions naturelles chez l'homme qui, loin d'être contradictoires, peuvent être une source de plaisir et de bonheur. L'expérience de Montaigne montre que l'amour heureux peut exister. Si l'amour parfait reste extrêmement rare, la passion amoureuse qui lie deux amants n'est pas pour autant une source de malheur. Toutefois, la question du prochain, présentée comme insolvable par Lévinas, remet en question l'amour du prochain.
[...] C'est bien ce que soutient aussi Rousseau, qui pense que l'amour de soi, comme l'amour de l'autre, rend l'homme heureux. En effet, l'homme, par le sentiment de pitié, va s'identifier à l'autre et transposer l'amour qu'il a pour lui-même sur l'Autre. Ainsi, loin de rendre malheureux, cet amour permet au contraire de supprimer le déplaisir que l'on a à voir souffrir l'autre. Cette satisfaction apporte bien un certain plaisir et un certain bonheur. D'autre part, il semble que, contrairement à l'affirmation de Pascal, le véritable amour indépendamment des qualités de l'autre soit possible. [...]
[...] Est-il vrai qu'il n'y a pas d'amour heureux ? L'amour est un sentiment essentiel dans la vie d'un homme. On dit souvent familièrement que l'on cherche l'âme sœur comme si cet être que l'on veut aimer était unique, presque introuvable. Ceci explique que l'on pense que le véritable amour serait presque impossible, et que l'on ne trouverait jamais le bonheur parfait. Mais est-il vrai qu'il n'y a pas d'amour heureux ? Que ce soit dans l'amour de l'Autre comme dans l'amour de soi, il semble en effet que le désir reste insatiable, et que l'on ne puisse y trouver une entière et parfaite satisfaction. [...]
[...] Cet amour, presque unique, qui a uni les deux hommes, montre bien que l'amour heureux est possible. * * * Cette relation entre Montaigne et La Boétie représente cependant un cas isolé, si ce n'est unique. Peu de monde a la chance de vivre une telle expérience, car l'amour du prochain reste énigmatique, selon l'explication qu'en donne Lévinas. En montrant que le moi n'existe et ne se construit que dans la relation avec l'autre, il affirme que le moi tourné vers soi n'est que vide, et que c'est le rapport à autrui qui nous libère de nous-mêmes, par son visage, qui nous appelle et nous oblige à lui porter notre attention. [...]
[...] Mais elles peuvent changer, se perdre, si bien que l'amour que l'on ressent pour l'autre s'éteindra avec elles. C'est pourquoi Pascal montre que, comme l'amour de l'Autre, l'amour de soi rend malheureux. Dans une approche chrétienne de la condition humaine, il affirme que, par le péché originel d'orgueil de l'homme, celui-ci retourne l'amour infini qu'il éprouverait pour Dieu, l'être par excellence, consistant, éternel, nécessaire pour lui. Or, le Moi humain n'est qu'inconsistance, contingence et finitude. Donc l'amour infini reporté sur soi ne peut être décevant et rend l'homme misérable. [...]
[...] Seule la Sagesse de l'amour comme la présente Finkielkraut, serait la condition d'un amour heureux. * * * Si l'on considère que l'amour est un désir trop grand et un sentiment trop intense pour qu'un être humain puisse parvenir à la satisfaire entièrement, alors l'amour heureux serait impossible. Toujours insatisfait et déçu, on ne jouit d'aucuns plaisir parfait. Mais l'amour d'autrui est une disposition naturelle de l'homme, fondée sur la pitié, et qui apporterait un certain bonheur. Si l'expérience de Montaigne semble unique, la passion amoureuse, par son désir insatiable et la fusion impossible, est paradoxalement une satisfaction pour l'amant, source de bonheur et de plaisir qui rendent l'amour heureux possible. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture