Est-il possible de se libérer du passé ?

Thèmes abordés

Se libérer du passé, dissertation philosophique, Paul Bergsen, oubli libérateur, souvenirs, passé douloureux, développement personnel, refoulement, apprentissage, détermination, Nietzsch

Résumé du document

L'un des slogans de mai 68 était "du passé faisons table rase". Cela montrait le désir des étudiants de changer la société, au plan social comme au plan politique, et de recréer un monde neuf, vierge de toute ancienne influence négative. Leur désir de liberté venait de ce passé qui les aliénait et qui renfermait la source de tous leurs mécontentements. Donc, qu'il fallait oublier pour mieux vivre. Pouvoir a le double sens de la capacité, et du droit ; se libérer, c'est un verbe pronominal, une action que j'accomplis par moi-même, et ici je m'affranchis, je m'enlève une contrainte qui m'aliénait et sans laquelle je suis libre ; le passé c'est ce qui est fini, derrière moi et ce qui aujourd'hui encore m'influence et me conditionne.

D'un côté, si je dois me libérer du passé, c'est qu'il est aliénant, et m'empêche de vivre, de construire quelque chose de nouveau en toute liberté. Mais de l'autre, mon passé n'est-il pas au contraire ce qui me conditionne ? Ne m'est-il pas à la fois utile et précieux ? Sans passé que suis-je ? Nous verrons premièrement combien le passé peut devenir aliénant et l'oubli libérateur, puis comment il peut devenir destructeur et enfin comment ne pas oublier c'est également se libérer.

Extraits

[...] Nous en avons conclu qu'il était nécessaire, mais doit être couplé avec notre mémoire, qui est l'expression de notre volonté. Ces deux actions ne s'opposent pas, mais se complètent et sont conditions sine qua non de notre liberté. Notre liberté c'est aussi de pouvoir s'oublier un peu, se mentir, dans le but de mieux se reconstruire à l'avenir. [...]

[...] Paradoxalement, en oubliant je me retrouve encore plus prisonnier de mon ignorance : je risque de refaire encore les mêmes erreurs puisque je n'apprends rien, et je n'ai aucun moyen de le savoir. III. Ne pas tout oublier : une autre forme de libération A. L'oubli : un signe de bonne santé Pourtant l'oubli est essentiel et naturel : il est à la fois normal lorsqu'il s'agit d'un souvenir peu important, et salvateur pour un souvenir traumatisant on ne peut reprocher à une victime d'agressions de vouloir l'oublier Ainsi, pour Nietzsche, dans la généalogie de la morale, l'oubli devient même un signe de santé, qu'il compare à la digestion. [...]

[...] Un oubli mesuré des souvenirs est donc nécessaire, mais un oubli qui ne survient qu'après avoir eu le temps d'intégrer les leçons de nos expériences passées. Néanmoins, voulons-nous vraiment tout oublier ? N'y t-il pas des choses dont nous voulons nous souvenir ? Si celui qui est condamné, car nous avons également la volonté de ne pas oublier. Particulièrement les événements que nous estimons devoir retenir. Dans ce cas-là, grâce à notre volonté nous faisons appel à notre mémoire. Pour Nietzsche, la mémoire n'est pas naturelle. [...]

[...] Dans ce cas-là, il vaut mieux essayer de pardonner, de dépasser l'expérience, de l'intégrer afin d'apprendre à vivre avec. Mais est-ce vraiment possible ? Si je décide de ce que je dois oublier, je fais de moi-même une construction artificielle, certes dans le but louable de créer un Moi meilleur dans l'avenir, mais tout de même incomplet puisque je suis et reste la synthèse de mes expériences. Conclusion : Face au problème de déterminer si l'oubli était libérateur, nous avons donc vu jusqu'à quel point il peut-être salvateur, mais également combien il peut devenir destructeur. [...]

[...] Réussir son oubli : ne pas tomber dans l'écueil du refoulement L'oubli est donc possible, mais seulement comme résultat de ce travail, et est la condition d'un oubli complet. Autrement, le risque est de tomber dans le refoulement : ce que j'ai tenté consciemment ou pas d'oublier revient de mon inconscient, et me tourmente, m'aliène. Le refoulement n'est donc pas une libération, mais une fuite. Dans ce cas-là, je devrais refaire surgir le souvenir ou la pulsion pour m'en libérer. [...]