« Ma maxime était de tâcher toujours plutôt à me vaincre que la fortune, à changer mes désirs que l'ordre du monde ». Descartes emprunte cette maxime à l'éthique stoïcienne pour exprimer le fait qu'il nous faut maîtriser nos désirs en les portant sur les choses qui dépendent de nous. En effet, changer les évènements et l'ordre du monde nous est impossible, en revanche, heureux sera celui qui ne parvient à désirer que les choses qui dépendent de sa volonté et qu'il lui est ainsi possible d'obtenir. En ce sens, le stoïcisme est la philosophie de l'action par excellence, puisque l'on agit en vue du bonheur, tout en ayant la maîtrise de soi et de ses désirs. Néanmoins, tout homme est sujet aux passions, aux désirs voire aux pulsions et bien souvent il lui est impossible de tous les maîtriser. Il suffit d'analyser la théorie freudienne de l'inconscient et des pulsions qui en découlent pour le montrer. Mais dans ce sens, selon Descartes « tout ce qui n'est pas action est passion », donc la passion implique que l'on n'agisse pas réellement et que l'on ne se maîtrise plus. Dans ce cas, est-il possible de concilier action et maîtrise ? Ou bien plutôt, si on les réunit, n'est-ce pas alors qu'une illusion pour justifier le fait que l'on agisse et se donner l'impression d'être maître de ses actes ?
Il s'agit de voir qu'effectivement on peut concilier action et maîtrise et qu'il est même manifeste que ces deux concepts vont de pair car alors pourquoi agirait-on si ce n'est pour maîtriser, au minimum, les choses qui nous entourent et les évènements de notre vie ? Et pourtant, si parfois on pense agir, ce n'est d'une part pas forcément le cas et d'autre part ce n'est pas en se maîtrisant. Ici donc, ces deux termes semblent ne pas être compatibles. Mais alors pourquoi cherche-t-on à les rapprocher ? Serait-il légitime de le faire ?
[...] Mais en fait si nous voulons les concilier, c'est pour justifier nos actions, que celles-ci apparaissent comme le moyen pour une fin qu'est la maîtrise. Il est alors légitime, compréhensible de les allier, car ainsi on donne une valeur à nos actions ce qui au final est rassurant, sécurisant. Mais s'il y a un domaine dans lequel cette alliance est la plus légitime, c'est celui de son Moi intérieur car il n'y a pas de maîtrise à la fois plus grande et plus humble que celle que l'on exerce sur soi (Léonard de Vinci). [...]
[...] Et pourtant, si parfois on pense agir, ce n'est d'une part pas forcément le cas et d'autre part ce n'est pas en se maîtrisant. Ici donc, ces deux termes semblent ne pas être compatibles. Mais alors pourquoi cherche-t-on à les rapprocher ? Serait-il légitime de le faire ? Il semble évident que l'action et le fait de maîtriser –soi-même, des processus extérieurs - soit conciliables ; c'est parce que nous sommes capables d‘agir que nous pouvons maîtriser certaines choses. Mais tout d'abord, qu'est-ce que l'action de manière générale et que peut-on entendre par maîtriser ? [...]
[...] Dans ce sens, l'exemple du Mythe d'Œdipe montre bien en quoi on peut être actif tout en étant passif puisque finalement Œdipe agit selon sa destinée. Pour JP Vernant, le héros tragique est un monstre incompréhensible et déroutant à la fois agent et agi, coupable et innocent, lucide et aveugle En fait, Œdipe, le héros tragique par excellence, est déterminé par une suite de circonstances définissant la façon dont il doit agir, il n'a aucune prise réelle sur sa vie, celle-ci étant déjà déterminée. Il ne peut donc la maîtriser. Mais alors agit-il réellement ? [...]
[...] Au regard de la possibilité, on a analysé le fait que le rapprochement entre action et maîtrise peut être comme ne pas être. Mais en réalité, il ne s'agit pas de comprendre l'association de ces deux termes, mais de savoir pourquoi on le fait. Ainsi, quelle légitimité apporter à l'union de ceux-ci ? Certes l'homme agit, mais pourquoi cherche-t-il toujours à tout maîtriser ? Il y a plusieurs raisons à cela. La première est évidente : c'est pour contrôler notre environnement que l'on agit et pour ne pas être soumis à la nature. [...]
[...] Elle est le moyen dans les rapports entre moyens et fins. Quant à la maîtrise, elle peut concerner la maîtrise d'une chose, d'un processus, d'un élément externe ou bien de soi-même. La maîtrise de soi est le noyau essentiel de notre vie. Comment trouver alors une règle de conduite nous permettant de nous préserver de nous-mêmes et d'agir librement et en vue de notre bonheur ? Il faut d'abord relever la nécessité de se connaître pour cela, savoir qui nous sommes ainsi que l'environnement dans lequel on évolue tout en gardant une certaine maîtrise de ce qui nous entoure. [...]
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