Le désir est classiquement condamné par une longue tradition philosophique, parce qu'il rendrait l'homme obligatoirement malheureux. Désirer l'impossible peut sembler constituer la pire version du désir, dans la mesure où il serait nécessairement voué à l'échec puisque l'impossible, par définition, paraît en dehors de toute réalité. Cela risque alors de mener l'homme, plus encore qu'au malheur, à une conduite pouvant être qualifiée d'absurde: plus qu'irraisonnable, elle n'aurait aucun sens et serait injustifiable. Mais ce qui semble impossible à un moment donné peut néanmoins se trouver - au moins partiellement - réalisé plus tard.
[...] Les actions humaines réalisent une part de leur désir d'impossible, et ce dernier se définit aussitôt autrement. Il en va de même avec les utopies politiques. Purement imaginaires lorsqu'elles sont rédigées, et accusées d'être impossibles à réaliser, il n'en arrive pas moins qu'elles peuvent influencer certains comportements politiques, et que quelques-unes de leurs rêveries finissent par modifier la réalité. [C. La philosophie elle-même n'est-elle pas désir de l'impossible La philosophie elle-même, que l'on proclame si volontiers animée par des préoccupations rationnelles, n'est-elle pas aussi fondée par un désir? [...]
[...] Est-il absurde de désirer l'impossible? [Introduction] Le désir est classiquement condamné par une longue tradition philosophique, parce qu'il rendrait l'homme obligatoirement malheureux. Désirer l'impossible peut sembler constituer la pire version du désir, dans la mesure où il serait nécessairement voué à l'échec puisque l'impossible, par définition, paraît en dehors de toute réalité. Cela risque alors de mener l'homme, plus encore qu'au malheur, à une conduite pouvant être qualifiée d'absurde: plus qu'irraisonnable, elle n'aurait aucun sens et serait injustifiable. Mais ce qui semble impossible à un moment donné peut néanmoins se trouver - au moins partiellement - réalisé plus tard. [...]
[...] Si l'on considère le désir comme essentiel où il coïncide avec la temporalité et comme il meut de la sorte toute action humaine, on ne peut le qualifier d'absurde que dans la mesure où cette action, dans l'Histoire, ne manifeste pas de finalité repérable. Mais cela ne saurait pas simplement parce que l'impossible serait irréalisable: tout indique au contraire que le propre de l'homme est de convertir l'impossible en réalité inédite. [...]
[...] S'il ne s'agissait que de s'approprier un objet, la satisfaction pourrait intervenir de façon durable. Or, ce n'est pas ce qui se produit, puisque le désir renaît à propos d'autre chose: il se déplace pour se reformer, se plaît aux variantes, n'en finit pas de s'inventer des fins inédites. Ainsi considéré, le désir relève sans doute moins de la psychologie ou de la morale que de l'existence même. On peut dire qu'il révèle la finitude de l'homme, le fait que, par définition, tout n'est pas donné à ce dernier, que son être est nécessairement limité (contrairement à celui du Dieu chrétien, qui ne peut donc désirer). [...]
[...] [II - L'impossible peut-il être définitif [A. Il serait absurde de nier certains aspects de l'impossible] La finitude humaine, pour l'individu, est d'abord celle de ses capacités physiques, qu'il semble difficile - sinon en effet absurde - de prétendre outrepasser. Désirer m'envoler par mes seuls moyens depuis le balcon de mon salon est sans doute absurde, parce que je vise là une action qui m'est réellement et totalement impossible. On doit toutefois prendre garde que certaines incapacités puissent ne pas être définitives. [...]
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