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« Pour vivre heureux, vivons cachés » écrit Florian, fabuliste du XVIIIe siècle. Il est difficile de concevoir qu'autrui puisse pourvoir à mon propre bonheur, qu'il soit un médiateur vers mon aspiration à être heureux. Cependant, l'expérience montre que les hommes vivent en société, ou du moins dans une communauté. Dès lors, on peut se demander si la vie entre hommes, entre semblables, permet d'atteindre le bonheur de chacun dans sa particularité. Le fait de vivre d'une certaine manière me permettrait donc d'être quelque chose, d'atteindre un état de bonheur. Pourtant, le bonheur se définit communément comme une expérience individuelle, bien qu'elle puisse être entrainée par un rapport avec des éléments extérieurs, ici les autres hommes. La vie entre hommes me permet-elle d'obtenir un bonheur pour lequel il semblerait que je ne puisse suffire moi-même ?
Dans quelle mesure autrui peut-il accentuer ma perfectibilité en vue du bonheur ? Le bonheur auquel j'aspire n'est-il pas sous l'emprise de ma culture ou du désir mimétique que j'éprouve ? Comment est-ce que la structure de la vie entre hommes pourrait-elle permettre un certain bonheur ?
[...] Ainsi, l'homme est aliéné parmi les hommes, il ne peut pas trouver le bonheur. Dès lors, les hommes ne semblent pas vivre ensemble pour être heureux mais pour satisfaire à des critères superficiels que la vie en société leur a enseignés. II. Ensuite, le désir qui meut la recherche du bonheur semble orchestré par le rapport à autrui. Ne va alors pas être visé ce qui participe à mon propre bonheur mais ce que j'entrevoie chez autrui et dont je suppose que la possession me rendrait heureux. [...]
[...] Cette vie ne procure pas du bonheur, elle le rend seulement possible. Dans son premier chapitre de Cours familier de philosophie politique, Pierre Manent explique que notre société est une organisation de séparations et de spécialisations de fait, chaque homme est spécialisé dans un domaine d'activité afin de pourvoir à l'un des besoins de la société, dans un secteur en particulier. Au lieu de pourvoir chacun à tous ses propres besoins, chacun se concentre sur un aspect : l'un va s'occuper de la nourriture, l'autre de la construction des habitations etc. [...]
[...] Si la vie en communauté n'implique pas nécessairement le bonheur, pourquoi les hommes vivent-ils donc en société ? Dans les Rêveries d'un promeneur solitaire, Rousseau se dépeint dérivant sur une barque et vivant l'expérience extatique d'une osmose avec lui-même. Cette expérience du bonheur, selon lui, se vit seul et n'est absolument pas productive pour la société. Comme il s'estime exclu, il peut, lui, faire cette expérience sans causer du tort à la société. De fait, il précise qu'une société serait détruite si tous ses membres vivaient cette même expérience, improductive et individuelle. [...]
[...] Dans la Crise de la culture, Hannah Arendt montre que les Grecs s'étaient organisés de façon à ce que les philosophes soient entretenus par la société afin qu'ils profitent d'un temps de loisir pour philosopher. Elle fait alors un parallèle avec l'idée de Marx selon laquelle après l'avènement de sa philosophie, il n'y aurait presque plus de travail, donnant ainsi du loisir au peuple. Ce loisir permet d'atteindre le bonheur car il n'est pas entravé par le travail Les hommes vivent de fait ensemble afin d'être heureux, d'avoir la possibilité d'atteindre un bonheur spirituel. [...]
[...] Le bonheur serait relatif aux autres et empreint d'envie et de jalousie. En côtoyant les autres hommes, je vois naitre en moi des désirs et des envies qui devraient me rendre heureux si je les réalise. Cependant, ne suis-je alors pas condamné à toujours préférer ce que possède autrui, dans une spirale infernale ? Un bonheur matériel est donc impossible à atteindre car la jalousie me laissera toujours insatisfait : cette quête restera toujours insatisfaite, et donc insatisfaisante. Sous un autre rapport de relativité, le bonheur peut avoir un sens différent selon la culture dans laquelle je me trouve. [...]
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