Défini comme "plaisir durable", le bonheur se présente d'abord comme un plaisir, c'est-à-dire comme une action agréable par elle-même. Or le plaisir relève des sensations donc forcément du corps. Peut-on être heureux sans penser, et le bonheur peut-il s'éterniser grâce à l'état de conscience, à l'activité réfléchie de l'esprit ?
[...] Ainsi les enfants et les animaux ne sont à proprement parler heureux puisqu'ils ignorent leur accord avec le monde et sont incapables de réfléchir. Nous autres humains, doués de pensée par nature, ne pouvons la supprimer pour atteindre le bonheur. Aristote qualifiait le bonheur de Souverain Bien c'est-à- dire que tous les humains sont en constante recherche d'hilarité. Il faut par conséquent que notre pensée soit en quelque manière incluse dans notre action et unie à elle, pour que nous en tirions un bonheur complet. [...]
[...] En multipliant les jouissances ou en s'efforçant de demeurer constamment serein ? Qu'est-ce que la bonne vie ? Et par quels moyens avons-nous de la connaître ? On peut alors se demander s'il faut s'abstenir de penser pour être heureux ? Peut- on atteindre la joie grâce aux mouvements de la conscience ? Nous allons tenter de répondre à cette problématique. Peut-on être heureux sans penser, et le bonheur peut-il s'éterniser grâce à l'état de conscience, à l'activité réfléchie de l'esprit ? [...]
[...] Toutefois, comment l'homme pourrait-il vivre sans bonheur ? si le malheur de la conscience est une donnée de notre expérience, ne nous faut-il pas construire notre bonheur, en faire une conquête spirituelle ? de ce fait, le bonheur ne relève plus des circonstances extérieures mais bien de la décision individuelle : l'homme doit se décider au bonheur, il convient de le produire nous-mêmes ; ce n'est pas une donnée, c'est une création. je pense, donc je suis (Descartes) peut signifier que grâce à la pensée, l'Homme peut se construire et devenir ce qu'il est. [...]
[...] Quel est le rapport entre désir et bonheur ? Nombreux sont ceux qui se rendent malheureux faute de satisfaire leurs désirs. Aussi longtemps que nous errons ça et la sans guide, obéissant aux bruits et aux cris discordants d'hommes qui nous appellent en des sens opposés, nous usons une vie que nos égarements rendent brève. Lorsque nous vivons notre vie sans but, sans savoir ce qui pourrait nous rendre heureux, nous avons tendance à écouter les désirs des autres et à en faire un propre but à atteindre qui pourrait nous rendre heureux. [...]
[...] Dès lors, la pensée ne peut rien avoir avec le bonheur, essentiellement corporel. Pourtant, le bonheur touche à l'éternité. Pour le distinguer du plaisir, il doit durer. Dès lors, la pensée, seul moyen pour nous d'accéder à l'intemporel, constitue la voie royale pour atteindre le bonheur. Non contente de se présenter comme la condition du bonheur, la pensée est le seul bonheur possible. Non contente de se poser comme un avantage pour la conduite de la vie, philosopher apparaît comme la seule vie digne d'être vécue. [...]
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