En cette fin d'année marquant la fin de leur scolarité, beaucoup d'étudiants s'interrogent : vont-ils se lancer sur le marché du travail ou continuer leur vie d ‘étudiants pendant encore quelques années ? Certes, être étudiant est peut-être une forme de travail en soi, mais nos aînés n'ont-ils pas écrit sur les murs mêmes de cette institution : « Ne travaillez jamais ! Vivez ! » ?
Cela nous amène à la question du sens même du mot «travail », et surtout les motivations qui nous poussent à travailler. Qu'est-ce que le travail ? Sommes-nous obligés, voire condamnés à travailler ? Peut-on considérer notre propre salut en fonction de cette activité ? Hors du travail point de salut ? Mais encore faut-il concevoir le travail comme une activité.
A l'heure où chaque gouvernement s'évertue à combattre le chômage et par là même retrouver le plein emploi, synonyme de bonheur général, on est en mesure de penser que le travail est l'une des valeurs, sinon, la valeur fondamentale de nos sociétés modernes. Et pourtant, les réductions du temps de travail font miroiter le retour de l'oisiveté, notion tant chérie par les Anciens, où la société ne serait pas plus celle du travail mais celle du loisir.
[...] Le droit à la paresse est bien d'être acquis, même s'il fut réclamé par un marxiste. Les motivations du travail sont donc multiples, légitimées par la religion ou par les courants de pensée libéraux et marxistes. Mais toutes s'accordent sur le fait que le travail assure le lien social. Or, peut-on concevoir le lien social hors du travail ? [...]
[...] Autrement dit, travailler contribue-t-il au bonheur de tous ? Certes, le travail permet la libération de l'esprit, par l'œuvre qu'il implique, nous dit Hegel. Mais Marx ajoute que la libération n'est partielle, car travailler c'est d'abord s'aliéner, se réifier même. Dans l'optique de Marx, si travailler peut contribuer au bonheur, ce n'est pas à son propre bonheur, c'est au bonheur collectif, dans le sens où l'œuvre qui résulte du travail, est avant tout une œuvre collective. Les critiques à l'égard du travail comme un épanouissement sont légion ainsi que les exemples : - la réification par le travail : Voyage au bout de la nuit, de L-F Céline. [...]
[...] S'il ne participe pas à la chaîne productiviste, il n'aura pas droit à sa récompense qui se manifeste par le salaire, les honoraires ou autres et donc par la consommation. Car c'est cette consommation qui permet d'écouler la production. C'est alors qu'advient le paradoxe. C'est au moment où le travail devient l'objet d'un consensus- chacun s'accorde sur la place du travail dans nos sociétés autant comme lien social qu'élément nécessaire pour l'équilibre des fondamentaux économiques, qu'il devient une menace pour la stabilité sociale, en raison de son excès ou de son manque. Pourquoi travailler alors que le travail devient un facteur de dissolution sociale ? [...]
[...] Il n'est pas nécessaire de décrire les processus d'exclusion, mais on peut se référer à la Misère du monde, recueil d'entretiens dirigés par P. Bourdieu. Chômage, perte de logement, etc. Dénombrer toutes les formes d'exclusion relèverait de la gageure. Pourtant les inquiétudes récentes des salariés touchés par les plans sociaux en période de croissance répondront de la meilleure façon à la question fondamentale : pourquoi travailler ? Tout simplement parce qu'il faut manger, payer le loyer ou les traites du crédit immobilier contracté. Une réponse somme toute matérialiste, qui remise la question de l'oisiveté et des loisirs au rang d'un concept bourgeois. [...]
[...] Oui, si l'on regarde la baisse des vocations tant pour la haute fonction publique, jugée moins rémunératrice que le privé. Oui, si l'on regarde la désaffection pour les sièges électifs dans les petites communes, demandant trop de temps et de responsabilité pour une faible compensation financière. Par ailleurs, pourquoi travailler, si ce n'est pour se ruiner physiquement ? Certes, aujourd'hui, on est bien loin des conditions de travail que décrivait Zola, mais que penser de la croissance du taux de médicalisation dû au stress, à la fatigue ? Il faut tenir, tenir les délais, supporter la charge. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture