Avec l'apparition pendant l'entre-deux-guerres et le développement dans la seconde moitié du XXè siècle de la culture de masse, il est aujourd'hui clairement admis que le « paysage » culturel en a été transfiguré, rendant plus complexe la définition du terme « culture » et opposant une culture traditionnelle, ou classique, et une culture moderne, de masse.
Si la « culture classique », celle de l'âme et de l'esprit (« cultura animi » dit Cicéron), semble relativement facile à cerner (il s'agirait en France des Humanités), il en va différemment de la culture de masse. Son nom provient de l'anglais « mass media » et désigne en fait une grande variété de supports, revues, films, musique, BD, Internet, tandis que l'unique vecteur de la culture classique est la littérature. Le support permet donc d'établir d'ores-et-déjà une distinction, mais il est loin d'être le seul point d'opposition entre ces deux cultures.
Or, aujourd'hui, dans notre environnement mondialisé, où l'opinion est une masse se nourrissant d'éphémère et d'évènementiel, peut-être faudrait-il s'intéresser aux origines gréco-romaines de notre culture, et donc d'abord voir en quoi cette culture classique traditionnelle s'oppose à la culture de masse contemporaine.
L'analyse portera pour cela dans un premier temps sur le premier d'élément d'opposition : le vecteur de transmission de chaque type de culture. Il nous faudra ensuite montrer de quelle manière ces cultures s'opposent dans leurs buts, leurs objectifs, leur raison d'être. Enfin le dernier terrain d'opposition principal sera celui des valeurs : faut-il relativiser l'intérêt de chaque culture, ou doit-on admettre qu'il existe un véritable « nord » culture auquel se référer ?
[...] Pour en apprendre plus sur les buts de la culture classique, penchons- nous sur son étymologie. Culture vient du latin colere qui signifie prendre soin, entretenir, préserver. Ce sens originel est en fait en contradiction avec la réalité de la culture de masse : les objets de celle-ci se distinguent en effet par une durée de vie extrêmement réduite. C'est ce qui permet à Hannah Arendt de dire que seul ce qui dure à travers les siècles peut revendiquer d'être un objet culturel. [...]
[...] Cette valeur que les philistins attribuent à telle ou telle culture est en fait notre dernier principal terrain d'opposition entre culture de masse et culture classique. Voyons d'abord en quoi cette dernière peut prétendre avoir valeur de nord de point de référence culturel. Le premier élément de légitimité pourrait dans un premier temps s'incarner dans l'Histoire. En effet, les œuvres gréco-latines et les classiques en général ont traversé les siècles en conservant de tout temps une grande importance et en suscitant à chaque époque les critiques et les réflexions des grands penseurs du temps. [...]
[...] Et cet effort s'oppose de ce point de vue à la passivité qui caractérise la réception d'un objet culturel de masse. Cette valeur du travail, cette valeur de l'effort sont en perte de signification chez les jeunes générations, alors même que ces valeurs sont présentes dans l'essence de l'appropriation de la culture classique. Enfin, le fait que, comme on l'a dit, cette culture gréco-latine soit partagée par toute l'Europe est une preuve supplémentaire de la valeur d'une telle culture qui s'est répandue et inspire aujourd'hui les systèmes de pensée du vieux continent. [...]
[...] Ce lien entre vecteur et but est un autre terrain d'opposition entre culture classique et culture de masse. En effet, dans le cas par exemple de la culture classique, le vecteur ne semble permettre que de transmettre le contenu. Celui qui achète ainsi des ouvrages de grands auteurs s'engage par là à faire ultérieurement l'effort de lecture requis par l'œuvre. On peut en outre dire de ces ouvrages (même si l'énoncé peut sembler surprenant) qu'ils sont là pour être lus, contrairement, en certains cas, aux objets de la culture de masse. [...]
[...] Ce serait courir les yeux bandés vers la décadence d'une société entièrement fondée sur les loisirs. Bibliographie F.Tönnies Communauté et société H.Arendt La crise de la culture S.P.Huntington Le choc des civilisations L.Dollot Culture de masse et culture individuelle (Que-sais-je ? [...]
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