Indispensable, celui qui veut devenir philosophe, Descartes, Regulae, sagesse, déduction, accéder à la sagesse
Les Regulae se présentent comme un ensemble de règles visant à diriger l'esprit dans la recherche de la vérité, ou encore « une méthode » pour acquérir la science, que Descartes nomme aussi « sagesse ». Or, la sagesse est ce recherchée par tous les amoureux du savoir [sophia]. Ainsi, il est à l'œuvre dans cette troisième règle la méthode à suivre pour acquérir la science véritable. Dans le sous-titre de notre troisième règle, l'importance est donnée à la nécessité de faire abstraction de ce qu'ont pensé les autres avant nous, et donc ce que nous présupposons nous-mêmes, afin de rechercher ce que nous pouvons voir clairement et avec évidence, ou déduire d'une manière certaine.
[...] Or, il n'y a qu'une manière pour acquérir un savoir véritable, c'est d'user de l'intuition [l'intuitus] et de la déduction [deductio] pour juger de la vérité des choses. Il est vain d'imiter les plus savant qui négligent les connaissances les plus aisées, et préfèrent étudier dès le départ des choses très difficiles sur lesquelles ils forment des conjectures subtiles et des raisons probables Leur savoir ne ressort pas d'une réelle expérience d'acquisition de la science. Il est donc nécessaire si l'on se prétend être philosophe de fonder ses connaissances sur l'intuition et déduction, et non de reprendre une leçon apprise dogmatiquement. [...]
[...] Vrin, p12] Descartes fait ainsi la distinction entre les lettrés, les érudits de son temps qui favorisent l'usage de la mémoire de manière rhétorique plutôt que le réel examen de la connaissance et les philosophes qui, sans relâche, cherchent la vérité. Ainsi, en effet, nous semblerions avoir appris, non des sciences mais des histoires Effectivement, celui qui porte exclusivement attention aux jugements, aux interprétations d'autrui sur un problème se retrouve incapable de résoudre les questions qu'il se pose lui- même. [...]
[...] Les esprits sont obscurcis parce qu'ils n'usent pas de leur lumières naturelles. Rappelons que pour Descartes, l'intuition et la déduction sont données en l'humanité, en chacun de nous, c'est pourquoi l'on peut ici parler de lumières naturelles L'esprit doit se concentrer sur l'objet de telle sorte qu'une vision transparente et claire apparaisse. C'est pourquoi, nous dit Aristote même si tous étaient d'accord, leur enseignement ne nous suffirait pas Même si une seule théorie ressortait de l'ensemble contradictoire, tant que l'opération naturelle à l'esprit ne s'opère pas, autrement dit tant que nous n'apprenons pas nous-même à user de l'intuitus de manière à rendre limpide ce qui est confus, la démarche demeure vaine. [...]
[...] La méthode consiste ici à privilégier le seul usage des opérations de l'esprit par lesquelles nous pouvons acquérir la véritable science, à savoir l'induction et la déduction. L'intérêt est à présent tout entier porté vers le sujet qui ne doit plus être le réceptacle de connaissances nouvelles, mais qui doit être sujet connaissant, c'est-à- dire certain de ce qu'il connaît. [...]
[...] Il s'agit d'assimiler intérieurement ces arguments, de les comprendre et de les juger soi-même comme bons ou mauvais comme véritables ou source d'erreurs. Nous ne deviendrons jamais mathématiciens bien que notre mémoire possède toute les démonstrations faites par d'autres, si notre esprit n'est pas capable de résoudre toute sorte de problèmes. De la même manière nous ne deviendrons pas philosophes pour avoir lu tous les raisonnements de Platon et d'Aristote, sans pouvoir porter un jugement solide sur ce qui nous est proposé. [Règles pour la direction de l'esprit, edition J. [...]
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