« Science sans conscience n'est que ruine de l'âme ». François Rabelais, écrivain français de la première moitié du XVIe siècle, résume par cette citation le danger que constitue l'application pure et simple d'une science dite « dure », ce qui vaut particulièrement pour les sociétés policées fondées sur le matérialisme et le rationalisme. Par définition, la science est le discours qui, soumis à des règles propres qui en garantissent l'objectivité, vise à la connaissance et la compréhension du réel par la mise en évidence de lois vérifiables.
Toutefois, les sciences économiques et sociales émanent de l'articulation de deux disciplines originellement distinctes. D'une part, l'économie s'intéresse à l'ensemble des activités d'une collectivité humaine, relatives à la production, la distribution, la répartition et la consommation des richesses ; d'autre part, la sociologie est la discipline qui a pour objet l'étude des comportements des individus, des groupes, par référence au contexte social. Les sciences économiques et sociales peuvent-elles être considérées et mises au même rang que d'autres sciences comme les mathématiques ou la science physique ? Les sciences économiques et sociales reposent-elles sur les mêmes critères de validation, d'expérimentation ou de falsification ?
[...] C'est pourquoi on peut considérer des sciences comme fécondes pour l'homme à partir du moment où leurs énoncés et intuitions suivent l'itinéraire d'un progrès continu. En revanche, comment les sciences économiques peuvent-elles réellement faire l'objet d'un progrès complet dans la mesure où ces sciences, assez jeunes ont tendance à se focaliser sur une conception occidentale du monde qui ignore l'étude des sociétés non policées dites traditionnelles ? [...]
[...] Hormis le rôle spécifique qu'elles tiennent, les sciences économiques et sociales se distinguent par leur unicité et se caractérisent de surcroît par leurs multiples divergences avec les autres sciences telles que les sciences dures notamment. Avant tout, on distingue les sciences économiques et sociales des sciences exactes à savoir la biologie, la science physique, la chimie, les mathématiques, car elles ne peuvent qu'approcher la vérité, prévoir des phénomènes, qui peuvent toutefois échapper à la logique et aux estimations préalables ; mais en aucun cas elles n'ont la prétention d'acquérir et de contenir ce que l'homme appelle le vrai, le juste, l'exact. [...]
[...] Somme toute, cette discipline bicéphale permet l'analyse de la société selon des critères pertinents tels que le statut professionnel, la situation économique, l'honneur social et le capital symbolique pour reprendre Pierre Bourdieu, le degré de culture, etc. Par ailleurs, les sciences économiques et sociales regroupent deux disciplines majeures qui mettent respectivement en lumière la conjoncture économique et sociale de la société ; bref, les sciences économiques et sociales permettent d'expliquer et de comprendre le présent. À l'heure où le matérialisme, le conformisme et l'individualisme lèchent leur paroxysme, il serait insensé et même impossible d'évaluer la santé, de dresser le bilan d'une société en faisant abstraction des sciences économiques et sociales. [...]
[...] Cependant, les sciences économiques et sociales se singularisent indéniablement selon plusieurs critères. En effet, elles constituent une science distincte des autres sciences dans la mesure où d'une part, elles ne peuvent être soumises à l'expérimentation et ne peuvent être considérées comme des sciences exactes, contrairement aux sciences dures ; d'autre part, elles ne jouissent de la rectitude de la science dite mathématisable et ne peuvent progresser que dans la mesure où l'homme continue de leur échapper, à l'inverse des sciences de la nature. [...]
[...] Les sciences économiques et sociales ne s'épanouissent ni dans l'évidence ni dans la certitude, c'est pourquoi elles ne cessent de croître et se révèlent davantage bénéfiques pour l'homme que les sciences figées et ancrées au passé. De fait, on peut considérer ces sciences comme instigatrices de la modernité, du progrès dans la mesure où leurs frontières resteront toujours inconnues. Les sciences économiques et sociales ne cessent donc de s'étendre, de s'enrichir et de se spécialiser au fur et à mesure du temps et de l'évolution des sociétés. Elles sont à part, car elles réfutent tout acquis, ignorent leurs ruptures, leurs surgissements, et progressent même involontairement. [...]
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