Associer la notion de preuve à la métaphysique apparaît d'emblée étonnant. Il semble qu'il y ait une contradiction apparente dans les termes. En effet, comment une preuve qui doit être universellement convaincante, peut-elle s'appliquer à la métaphysique dont on peut penser qu'elle n'est pas une science comme les autres et dont on ne peut faire l'expérience (contrairement à une preuve physique ou juridique), mais qui serait la réflexion sur ce qui dépasse le réel empirique et concerne l'étude des premiers principes et des causes premières ? Les philosophes concernés par la métaphysique revendiquent pourtant le statut de leurs raisonnements comme preuves, et les nomment comme tels. C'est donc bien pour cela que la question se pose dans toute son acuité : qu'est-ce qu'une preuve métaphysique ? On présuppose dès lors qu'il y a des preuves en métaphysique, faisant ainsi de cette discipline une science d'un genre à part, mais preuves dont on doit bien préciser qu'elles sont métaphysiques, et donc particulières. Deux questions apparaissent alors : qu'a-t-elle d'une preuve et qu'a-t-elle de métaphysique ? Bien plus encore, c'est le fonctionnement même de cette preuve, au-delà de son objet particulier, qui est concerné. Il faudra donc examiner le processus, le raisonnement métaphysique de la preuve, et voir le rapport particulier qu'entretiennent en lui la théorie et la réalité. Ainsi l'on pourra se demander d'abord comment la preuve métaphysique est une preuve qui s'inscrit dans une démarche semblable aux démarches scientifiques ou juridiques qui cherchent des preuves, et ce qui la différencie d'emblée de ces autres preuves. Mais la preuve métaphysique apparaîtra alors comme une preuve uniquement intellectuelle, dont la structure et le déroulement s'inscrivent dans un système métaphysique. C'est pourquoi une question se posera alors lorsque des limites surgissent : comment redéfinir cette preuve d'un nouveau type ?
[...] Il est bien impossible qu'il y ait démonstration de tout sans exception, ce serait se perdre dans l'infini et alors il n'y aurait jamais de démonstration possible. Et pourtant, ce premier principe est expliqué, dans une argumentation dialectique indirecte différente d'une preuve réelle comme le sera celle expliquée en deuxième partie, en réfutation aux philosophes qui croient que tout peut être vrai et tout peut être faux. Cette explication passe par les conséquences qu'entraînerait l'absence de ce principe c'est-à-dire, le mélange de toutes les choses. Ainsi une preuve métaphysique s'appuie sur tout un système de principes inébranlables et de définitions claires. [...]
[...] Ainsi, alors qu'une seule preuve suffit à la certitude de ce qui est avancé, l'argument n'a jamais assez de force pour être incontestable et irréfutable. On pourrait donc croire que c'est cela que sont les preuves métaphysiques. La caractéristique de ces arguments serait justement qu'ils puissent être multiples car jamais suffisants en eux-mêmes, et il semble bien que ce soit ce qu'il se passe en métaphysique. C'est ainsi que l'on pourrait interpréter la redéfinition successive et les compléments successifs des preuves chez Descartes ; mais c'est aussi ainsi que l'on peut comprendre les différentes preuves, chez différents philosophes, chez Aristote, Descartes, ou Leibniz. [...]
[...] Le je du cogito est un principe qu'il faudrait déjà prouver par exemple, or c'est lui qui fonde toute la Métaphysique de Descartes. Il n'y aurait donc pas de preuve, à cause de la multiplicité et à cause du système même dans lequel s'inscrivent ces preuves. Cependant, dans doute ne faut-il pas s'en arrêter là. Au contraire, on peut affronter la difficulté évidente, et pressentie d'emblée du rapport ambigu entre preuve et métaphysique, dans son objet, dans sa démarche même, dans son objectif qui engage une conception d'un monde entier ou dans le système qu'elle suppose. [...]
[...] Le statut de la preuve métaphysique est donc définit par le statut même du principe de non-contradiction premier. Elle reposera sur lui, comme repose sur des axiomes, des définitions et des principes une preuve scientifique, ou sur des données, une preuve juridique, quotidienne. Mais ces preuves métaphysiques, preuves nécessaires dans l'objectif des philosophes, preuves qui s'appuient sur des principes inébranlables qui peuvent être rapprochés des axiomes scientifiques sont d'un type particulier. Elles ont pour but de passer de la persuasion profonde des auteurs concernés à des propositions démontrées et universellement convaincantes. [...]
[...] Dans un premier temps, une preuve métaphysique est une démonstration qui se caractérise par son but et la définition même qu'en donnent les philosophes qui l'utilisent, mais qui présentera alors des spécificités quant à son objet et le rapport entre théorie et réalité en elle. Ainsi, le but même de la démonstration la définit comme une preuve s'apparentant aux preuves scientifiques ou juridiques. En effet, la preuve se présente comme absolument nécessaire, dans la démarche radicale de mettre fin à un doute. [...]
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