Les croyances, qu'elles soient scientifiques, humaines ou religieuses, par nature sont le fruit, le berceau, la graine de l'ignorance dans laquelle les hommes sont enfermés perpétuellement, pour se détourner du réel, pour se délecter de l'illusion dans laquelle ils se noient inexorablement, pour feindre l'impuissance de la raison humaine. De cet angle-là, les croyances semblent donc être à bannir du processus de connaissance, elles se présentent comme l'abysse du savoir, le démon de la science et des mathématiques, le terreau où l'ignorance peut pousser. Et pourtant, les hommes croient, et ne cesseront de croire, d'espérer, de supposer, d'avoir la foi. Mais Descartes, avant d'établir les lois de la réfraction, n'eut-il point une hypothèse, une croyance, une intuition qui lui permirent d'établir quelque vérité ? Les croyances pourraient donc être également une source de vérité, propices au développement d'une thèse ou d'une expérimentation dans le domaine sensible et qui, au lieu d'être des monstres, deviendraient de formidables outils.
Ainsi, en l'absence de démonstrations possibles et d'explications potentielles, les hommes se forment-ils des croyances ? Est-ce donc parce qu'ils ne peuvent savoir qu'ils croient ? Les croyances ne sont-elles pas aussi des formes d'accès à la connaissance ? Avoir des croyances est-il le fait d'un ignorant ? La foi est-elle ennemie de la raison ?
Les croyances humaines résultent bien d'ignorance et d'impuissance mais il s'avère cependant qu'elles peuvent être positives et compatibles dans certains processus. C'est pourquoi nous essayerons d'étudier le devenir des croyances et les éventuelles possibilités de maîtrise des croyances voire de dépassement.
[...] Elles ne peuvent être incompatibles avec la raison et ne dérivent pas nécessairement d'une ignorance fatale, mais peut-être d'un besoin de savoir. Il y a bien des raisons de croire et d'espérer, ce que Romain Rolland ne manque pas de signaler lorsqu'il fait dire ces quelques mots émouvants à son Jean-Christophe : Nous voici arrivés ! Comme tu étais lourd ! Qui donc es-tu ? Et l'enfant dit : Je suis le jour qui va naître. Après une telle règle de vie, d'espoir et de foi, l'huis n'est pas clos. [...]
[...] Est-ce parce que les hommes sont ignorants qu'ils ont des croyances ? Les croyances, qu'elles soient scientifiques, humaines ou religieuses, par nature sont le fruit, le berceau, la graine de l'ignorance dans lesquels les hommes sont enfermés perpétuellement, pour se détourner du réel, pour se délecter de l'illusion dans laquelle ils se noient inexorablement, pour feindre l'impuissance de la raison humaine. De cet angle-là, les croyances semblent donc être à bannir du processus de connaissance, elles se présentent comme l'abysse du savoir, le démon de la science et des mathématiques, le terreau où l'ignorance peut pousser. [...]
[...] La découverte, l'invention subsisteront alors aux croyances. C'est ce qu'envisage d'ailleurs Friederich Nietzsche, pour qui les croyances religieuses ne cessent de régresser au dix-neuvième siècle. La mort de Dieu en est l'exemple, elle signifie, l'aurore, l'aube d'un nouveau jour où l'homme peut jouir de la pleine possession de ses moyens et de ses capacités. La fin des croyances sont une nouvelle chance, et dans Ainsi parlait Zarathoustra de nouvelles valeurs sont annoncées : Allons ! en route ! C'est maintenant seulement que la montagne de l'avenir humain accouche. [...]
[...] C'est-à- dire que lorsque l'homme n'est plus en mesure de démontrer, d'expérimenter, de par le fait, il formule des croyances, des noumènes selon la pensée d'Emmanuel Kant. C'est bien lui d'ailleurs, qui dénonce l'usage illégitime de la raison lorsqu'elle cherche à dépasser, à vouloir aller au-delà de l'expérience sensible. Elle s'égare dans le vide sans l'aide de la perception et de l'entendement, pourrions-nous soupirer, comme l'eut fait le premier philosophe de l'Histoire : L'entendement est alors poussé hors de sa sphère dans une série qu'aucune expérience ne peut les embrasser, en partie même, pour chercher tout à fait en dehors d'elle des noumènes, auxquels la raison puisse rattacher cette chaîne C'est parce que sur des pôles d'absolu comme l'existence de Dieu, l'immortalité de l'âme ou encore la durée de l'univers, il n'y a pas de démonstration rationnelle possible, qu'il y a des croyances, sans preuves fondées, sans usage empirique. [...]
[...] Nous pouvons ainsi, exprimer le fait que si les hommes ont des croyances, ce n'est pas forcément par ignorance totale, mais peut-être aussi par éternelle appétence de savoir et de comprendre. Il convient également de se demander si avec l'aide de la raison, les croyances ne peuvent se transformer en un savoir fondé. Il se pourrait que les croyances ne soient pas incompatibles avec la raison et la connaissance. Une réflexion sur les thèses de Pascal et de Saint-Thomas- d'Aquin peut être fort lucrative. Pour ce dernier il ne peut y avoir de contradiction entre la foi et la raison. [...]
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