L'on se confronte fréquemment à des débats concernant la bonté d'un jugement, que celui-ci soit subjectif ou représentatif de la cité, sans pour autant éviter le comportement que Pascal attribuerait à "l'esprit boiteux". En effet, le bon jugement n'arrive pas toujours à se soustraire aux jugements faits de réflexions avortées entraînant des jugements précipités, d'a priori, de lieux communs on encore d'illusions.
Dans ce but, il convient d'expliquer l'action de bien juger selon plusieurs points de vue. En effet, l'action de juger renvoie aussi bien à l'application de principes juridiques et par conséquent à l'expression d'un jugement en accord aux lois et/ou aux règles d'une société ou d'une époque précises qu'à l'expression d'un raisonnement subjectif.
S'interroger sur qu'est-ce que bien juger pose ainsi de nombreux problèmes. L'on présuppose en effet qu'il est possible de bien juger, quels sont alors sa méthode et son critère de déploiement ? Quel est le rapport entre bien juger et la faculté de juger ? Tout homme est-il capable de trouver la "juste mesure" par laquelle Pascal identifie le point de vue nécessaire à un individu pour bien juger ? Dans le cas contraire, quels sont les obstacles qui empêchent de bien juger ? Enfin, de quelle manière faut-il envisager le bien juger ? Est-ce bien penser ou est-ce juger de la bonne façon ? Est-il possible de conjuguer les deux ?
[...] Si dans l'art et plus précisément dans l'art de la peinture l'on peut calculer cet emplacement, comment faire pour l'obtenir dans un domaine abstrait tel que la morale ou la vérité auxquels nous ajouterons le jugement. Cette difficulté est reproposée dans le Fragment 38-71: "Trop et trop peu de vin. Ne lui en donnez pas: il ne peut trouver la vérité. Donnez-lui en trop: de même". Une nouvelle fois, l'on se doit de rechercher le bon équilibre, la juste mesure. Il ne sert à rien d'abuser ou d'être déficient. Un équilibre est nécessaire entre l'hybris, la démesure, et une attitude passive. [...]
[...] Qu'est-ce que bien juger ? L'on se confronte fréquemment à des débats concernant la bonté d'un jugement, que celui-ci soit subjectif ou représentatif de la cité, sans pour autant éviter le comportement que Pascal attribuerait à "l'esprit boiteux". En effet, le bon jugement n'arrive pas toujours à se soustraire aux jugements faits de réflexions avortées entraînant des jugements précipités, d'a priori, de lieux communs on encore d'illusions. Il est ainsi indispensable de s'interroger quant aux conditions qui sont requises et par là mêmes nécessaires à ce qu'un bon jugement se déploie, tout comme aux modalités qui permettent de le reconnaître et aux critères qui le rendent partageable. [...]
[...] De plus, il est désormais évident que bien juger est indissociable d'un raisonnement exact. Si chez Descartes il fallait être plus attentif à la distinction des éléments l'on voit chez Pascal que leur conjugaison offre un horizon beaucoup plus vaste et productif pour le jugement. Reste désormais à analyser la façon dont le bon jugement peut se développer. De plus, il faudra se demander s'il s'agit d'une faculté propre de tout homme, comme l'entendait Descartes ou si une certaine structure d'esprit est nécessaire. [...]
[...] Comment établir alors ce qu'est un bon jugement pour Descartes ? Il y a en effet chez lui l'idée que le jugement s'exerce et ne s'apprend pas. Cette faculté serait ainsi innée. Il y a ainsi différence entre les opinions mais aucune n'est supérieure à une autre. L'on aboutit à un modèle dans lequel tout homme possède le bon sens et dans lequel tout homme est capable de juger étant donné que la raison est unique et identique où qu'elle se trouve. [...]
[...] La même chose se produit dans le jugement, "il y a des juges comme des tons de voix". Il faut donc envisager la plus grande subjectivité qui n'est pas offerte par le langage. Le fragment 65-115 montre bien cela: "Une ville, une campagne, de loin c'est une ville et une campagne, mais à mesure qu'on s'approche, ce sont des maisons, des arbres, des tuiles, des feuilles, des herbes, des jambes de fourmis, à l'infini. Tout cela s'enveloppe sous le nom de campagne". [...]
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