L'Homme se distingue de l'animal par la capacité acquise de prendre conscience de soi, d'avoir envers lui-même une certaine réflexivité.
Alain nous offre ici une réflexion sur ce qu'est un inconscient ; si l'Homme se caractérise par la conscience, comment peut-on alors définir un inconscient ?
Alain nous propose ainsi de définir l'être inconscient, de nous faire comprendre en quoi il l'est et pourquoi il l'est. Il nous expose ensuite les conditions pour prendre conscience ainsi que les enjeux philosophiques de l'absence de prise de conscience de soi, de l'absence de la conscience réflexive chez un homme.
« Qu'est-ce qu'un inconscient ? ». C'est par cette question qu'Alain débute sa réflexion, puisque c'est de cette question que découlera sa thèse. Un inconscient, selon Alain, « C'est un homme qui ne se pose pas de question ». L'utilisation d'un verbe pronominal n'est pas anodine ; en effet, puisque cet homme « ne se pose pas de question », il ne bénéficie pas de sa conscience réflexive. Ainsi, l'inconscient n'a pas conscience de lui.
[...] Quant à et ne saura jamais ce qu'il a fait Alain fait indubitablement référence à l'évocation précédente du souvenir, que le philosophe décrivait implicitement comme une mémoire interprétée, détournée de la réalité par la conscience ; chez l'être inconscient, le souvenir n'existe pas du fait que ce dernier ne pense pas et ne lie pas cette chaîne de points clairs qui fait [ ] le souvenir : il n'y a aucun examen de la part de l'inconscient. Alain nous décrit ainsi l'Homme inconscient tel un être instinctif, passionné, qui se dirigerait au hasard des événements sans jamais s'examiner, et donc sans jamais prendre conscience de son rapport au monde ou de son rapport à lui-même. Être conscient, c'est d'abord savoir se poser des questions, ce qu'un inconscient ne fait pas. Le philosophe explique cependant que Cet état est rare. [...]
[...] Enfin, Alain compare le voyage intérieur que délaisse l'inconscient au voyage d'Ulysse. La quête d'Ulysse est de retrouver son chez-soi, ce qui peut être interprété philosophiquement par la quête de soi, la recherche de la prise de conscience de soi ; c'est au travers ses longs périples de deux décennies qu'Ulysse parvient à se retrouver. A l'inverse, l'inconscient, qui ne prend guère le temps de s'examiner soi-même de se réfléchir, ne prend pas conscience de soi, puisqu'il agit instinctivement : il n'a donc l'occasion ni de dire Moi, ni de penser Moi Mais comment peut-on alors prendre conscience de soi ? [...]
[...] Dès lors, ils se laissent emporter et ne sont plus maîtres d'eux-mêmes : ils ne sont point du tout pour eux- mêmes Mais peut-on être maître de soi-même ? La maîtrise de soi-même, la conscience de soi, passerait donc par la remise en question. Alain explique que l'Homme conscient fait preuve d'un esprit critique envers lui-même lorsqu'il évoque se méfier de soi, guetter de soi l'erreur ou la faute contrairement à un inconscient. Un sujet, qu'il soit conscient ou inconscient, peut se tromper. Un inconscient, qui, comme nous l'avons précédemment évoqué, ne se remet pas en cause, perdurera dans son erreur. [...]
[...] Alain va plus loin en ajoutant à ce verbe penser une nouvelle connotation, celle de peser : l'Homme conscient sait ce qu'il fait, sait pourquoi il le fait et envisage ce que cela implique. Alain nous affirme ensuite que c'est cette chaine de points clairs qui fait encore le souvenir : en effet, dès lors que l'on pèse, que l'on pense, on interprète ; le souvenir n'est pas ancré dans la mémoire d'un individu tel qu'un événement s'est réellement déroulé, mais tel que l'individu l'a perçu au travers de sa conscience. [...]
[...] "Qu'est-ce qu'un inconscient Alain Qu'est-ce qu'un inconscient? C'est un homme qui ne se pose pas de question. Celui qui agit avec vitesse et sûreté ne se pose pas de question; il n'en a pas le temps. Celui qui suit son désir ou son impulsion sans s'examiner soi-même n'a point non plus occasion de parler, comme Ulysse, à son propre cœur, ni de dire Moi, ni de penser Moi. En sorte que, faute d'examen moral, il manque aussi de cet examen contemplatif qui fait qu'on dit: "Je sais que je sais; je sais que je désire; je sais que je veux." Pour prendre conscience, il faut se diviser soi-même. [...]
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