Le mot imbécile vient du latin "imbecillus" et l'origine en est douteuse. On le fait quelquefois venir de in. privatif et « bacillus » qui signifie bâton, mais cette étymologie demeure incertaine. Au XIXème siècle, les femmes étaient considérées par les hommes comme le sexe « imbécile ». Ces hommes se sont-ils dit que ce qui était « sans bâton » était imbécile et que donc les femmes l'étaient ? Voila un raisonnement qui peut paraître imbécile à bien des égards, et qui en outre vous ferait penser avant même que j'aie commencé à débattre sur le sujet que je suis une imbécile (même s'il n'est pas dit que vous ne le pensiez pas en effet au terme de mon exposé).
Joseph Sardin déclare que « le monde est peuplé d'imbéciles que Dieu a créés à son image ». Ainsi on trouverait des imbéciles partout... ou on serait tous des imbéciles ce qui après tout, nous laisse un large espoir d'évolution...
Mais qu'est-ce qu'un imbécile ? Si nous sommes tous susceptibles de l'être, il devient indispensable de se poser la question.
Il faudrait commencer par se demander dans quelle circonstances traite-t-on quelqu'un d'imbécile à l'heure actuelle. On a pour l'imbécile soit une relative indulgence (il n'y peut rien, il est né comme ça) soit un profond agacement (lorsqu'il s'agit d'une personne non atteinte d'une quelconque déficience intellectuelle et qui fait pourtant preuve d'une sottise bornée et peu commune).
L'imbécile, c'est celui qui ne comprend pas ce qu'on veut dire ou quelque chose qu'on a compris aisément et qui semble évident. L'imbécile, c'est celui qui tient des raisonnements sans fondement et qui s'y cantonne. C'est encore celui qui ne pense pas comme nous sur un sujet (et qui a donc tors !) mais qui est si borné ou si peu capable de comprendre qu'on ne va pas s'abaisser ou perdre son temps à lui expliquer ou à tenter de le convaincre (on ne donne pas de perles aux pourceaux c'est bien connu). On traite aussi d'imbécile le naïf qui, crédule et candide, ne trouve pas sa place dans notre société actuelle en dehors de l'enfance.
Le dictionnaire, pour sa part, nous donne du mot les définitions suivantes :
-Personne manquant sérieusement d'intelligence
-Qui est faible de nature, faible d'esprit et de corps, incapable
-Qui est peu capable de comprendre, de raisonner, qui manque d'intelligence, qui agit sottement
-Dont les facultés mentales intellectuelles sont affaiblies par l'âge, la maladie.
Pour mieux appréhender ce qu'est un imbécile, il convient dès lors de s'interroger sur les définitions populaires et du dictionnaire du mot et leurs limites. Mais parler d'un imbécile sous entendrait qu'il s'agit d'un état constant, or on pourrait plutôt parler d'une imbécillité de situation. Enfin, si imbécile c'est ne pas être intelligent, être intelligent c'est savoir reconnaître qu'on peut être imbécile, ainsi de l'imbécillité à l'intelligence il n'y aurait qu'un pas, ou l'imbécillité serait une condition de l'intelligence...
[...] tels sont les adjectifs dont on peut également affubler l'imbécile. Au sens le plus ancien du terme (notamment au sens du XIXe siècle), l'imbécile est celui qui est faible de nature ou d'esprit. D'ailleurs l'adjectif débile qui lui est directement apparenté signifie "faible", et si le sens a perdu de sa valeur en français, on le retrouve dans d'autres langues latines comme en espagnol "debil". L'étymologie même du mot imbécile signifierait, par sans bâton, sans pouvoir, le bâton représentant le pouvoir de régner chez les romains . [...]
[...] Les voici. Ils se nomment ainsi. Ils sont là, devant nous, immobilisés. Ils sont tout raides . comme inanimés . Ils sont emmaillotés soigneusement, entourés de bandelettes, sur leur visage des masques peints ont été posés . Mais petit à petit, à les observer de si près . vous ne trouvez pas qu'on éprouve une sensation . vous ne la reconnaissez pas ? [...]
[...] Le défaut est certainement dans les organes matériels, puisque l'imbécile a son âme comme un autre." Cette phrase souligne le caractère largement subjectif de l'imbécillité . Or s'il n'existe aucun critère solide pour définir l'imbécillité, on peut remettre en cause sa propre existence . Ce qui serait aller résolument trop loin, car il existe bien des situations dans lesquelles un homme peut se révéler imbécile . II- L'imbécillité : une affaire de situation Mais on parle alors d'une imbécillité de situation qui ne constitue pas le caractère entier et définitif d'un homme. [...]
[...] Nathalie Sarraute dans son ouvrage Disent les imbéciles écrit : Des imbéciles. Imbéciles. Les imbéciles. C'est à ne pas croire. C'est lui qui vient de dire ça. Lui-même. C'est de sa propre bouche que sont sortis ces mots étonnants : des imbéciles. Ces gens-là, regardez, je vous les désigne, regardez-les bien. Vous voyez, ce sont des imbéciles. [...]
[...] c'est comme un début d'asphyxie dans un air confiné, dans un lieu hermétiquement clos . Nous avons été enfermés avec eux . avec ces momies . c'est un tombeau, un sarcophage . et nous-mêmes . Nous devenons tous des imbéciles à force de considérer comme imbéciles ceux qui ne sont pas comme nous. Ainsi, l'imbécillité telle que nous la concevons revient à faire de nous tous des imbéciles potentiels, à un moment ou à un autre, et les critères que nous posons de l'imbécillité sont infiniment subjectifs. [...]
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