Le terme de «symbole» vient du grec symbolon, qui désigne à l'origine une sorte de bâton coupé en deux, que deux personnes se montraient lors de retrouvailles pour rétablir le contact entre deux cités distinctes. Ainsi, le symbole désigne une mise en relation. Il met en relation un objet avec ce qu'il représente, directement, ou indirectement.
Supposer que l'on peut traiter la beauté comme un symbole, c'est supposer (implicitement) que la beauté représente quelque chose, un concept certainement. Elle peut en effet symboliser le mystère, ou encore une sorte de vision du monde, qu'elle véhicule. Traiter la beauté comme un symbole, est-ce la promouvoir, l'élever, en quelque sorte la sacraliser ? Ou au contraire, n'est-ce pas la considérer davantage pour ce qu'elle représente que pour ce qu'elle est ? Dès lors, n'est-ce pas la dévaloriser ?
[...] Dire ainsi que la beauté est porteuse d'un message, qu'elle nous met en relation avec le monde, n'est-ce pas lui donner une certaine consistance, lui faire honneur ? En effet, si l'on considère la beauté simplement pour ce qu'elle est, non pas pour ce qu'elle symbolise, c'est comme si on la cantonnait à un certain statut: un statut qui n'est pas le sien. Considérer la beauté de la chaise de Van Gogh, en tant que chaise, en dehors de toute dimension symbolique, n'est-ce pas en quelque sorte admettre que la beauté est inconsistante, fade, et dépourvue d'intérêt? C'est donc ne pas lui faire honneur. [...]
[...] Est-ce faire honneur à la beauté que de la traiter comme un symbole ? Le terme de «symbole» vient du grec symbolon, qui désigne à l'origine une sorte de bâton coupé en deux, que deux personnes se montraient lors de retrouvailles pour rétablir le contact entre deux cités distinctes. Ainsi, le symbole désigne une mise en relation. Il met en relation un objet avec ce qu'il représente, directement, ou indirectement, comme le bleu, symbole de l'infini. Un symbole, c'est aussi quelque chose qui a valeur d'exemple, mais pas seulement de manière positive: il se différencie en ce sens d'un modèle. [...]
[...] La beauté serait donc le symbole du bonheur. Ainsi, on traite volontairement la beauté comme un symbole en interprétant des oeuvres (quand nous avons évoqué la chaise de Van Gogh) ou en l'associant à des réalités nobles et à des bons moments de notre existence. On lui fait honneur, d'une part parce qu'on l'élève, on la place haut. Mais ne peut-on pas ici accuser l'homme de vouloir absolument considérer la beauté comme un symbole? Cette manière de faire honneur à la beauté n'est-elle pas hypocrite dans une certaine mesure parce que l'homme cherchait un symbole pour égayer son existence ? [...]
[...] La beauté serait donc le symbole de l'accomplissement de soi. Dès lors, qu'elle soit un symbole 'actif', comme nous l'avons vu précédemment c'est-à-dire un symbole riche d'enseignement sur le monde, ou un symbole plus 'passif' c'est-à-dire l'idée d'un autre monde qui s'offre à nous, il semblerait qu'on lui fasse honneur, en estimant qu'elle a sur nous un certain effet. Celui-ci permet à l'existence de s'enrichir, comme la montre Rousseau dans les rêveries du promeneur solitaire, lors de la cinquième promenade, quand il décrit son état face à un étang: lac, l'étang sont là[ . [...]
[...] A partir de ce constat, deux chemins s'offrent à nous: soit nous mettons l'accent sur la relative hypocrisie de l'homme qui vient d'être expliquée, soit nous donnons plus d'importance au fait que, quoi qu'il en soit, nous plaçons la beauté à un tel rang que nous lui faisons honneur. Ainsi, traiter la beauté comme un symbole équivaut à lui donner une certaine consistance et une importance majeure. La beauté représente quelque chose: qu'elle véhicule un message sur le monde ou qu'elle représente une issue pour l'homme, un moyen de triompher sur l'existence, nous l'élevons, elle qui trône dans l'azur. Cette élévation peut être équivalente à lui faire honneur, si l'on passe sous silence les motifs qui nous y poussent, car ceux-ci sont loin d'être désintéressés. [...]
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