expérience, esthétique, expérimentation, philosophie
Les films comiques sont un bon exemple de cette tendance du dénigrement d'abord
de ce que l'on pourrait nommer l'art conceptuel et, plus généralement de l'art. En effet,
le vingtième siècle aura été le temps d'une transformation radicale de l'art et au-delà, des
notions même de beauté et, par extension, d'esthétique. Dans le cadre de la philosophie de
l'art la question de l'expérience esthétique semble se poser de façon cruciale. Mais réduire
le champ d'investigation de la dite question à l'art est quelque peu réducteur, en effet,
l'esthétique (sensibilité au beau, d'après sa racine grecque aisthêtikhos) concerne le beau
au sens large, c'est à dire artistique ou naturel. Ainsi, si nous admettons que l'être humain
est essentiellement sensible, et qu'il ne peut donc échapper à ses sensations, l'expérience
esthétique devient un point centrale de notre rapport à la réalité, à l'Autre
[...] Nous pouvons ainsi nous demander si l'objet de l'expérience esthétique n'est pas nécessairement infini ? C'est ici qu'intervient le caractère sacré du beau : que ce soit dans l'art (la musique sacrée de Bach) ou dans la nature (la forêt de Dodonne, en Grèce, où Zeus était autrefois adoré) l'expérience esthétique est d'ordre mystique. En effet, apparaît un aspect insondable, incompréhensible et pourtant définitivement humain. Cette sensibilité au beau, comme toute sensibilité structure notre rapport à la réalité. L'expérience esthétique si elle est troublante, viscérale et essentiellement subjective prend valeur de vrai, en tant que dynamique structurante, en tant que prisme par lequel je rencontre le monde. [...]
[...] En effet, l'expérience esthétique, nous l'avons, vu permet de structurer le réel. Le travail sur le sensible du réel permet peut-être d'y redonner sa place à l'individu, en comprenant le mode sensible de l'appréhension du réel. Ainsi, pour Jean-Jacques Rousseau, qui senti avant de penser l'inaccessibilité du bonheur semble parfois provenir de cette incapacité acquise par l'homme de se contenter d'une appréhension sensible de la réalité (Les Confessions). L'expérience esthétique apparaît finalement comme la source de cet espoir qu'évoquait Abécassis. [...]
[...] Se pose alors cette question : le beau ne se crée-t-il pas de l'expérience d'un manque ? Or, seul un manque semble pouvoir être à l'origine comme celle de la vérité . L'expérience esthétique, menée à bien, c'est à dire à terme (et c'est justement ici que l'usage du conditionnel s'impose), serait en tant qu'épreuve de la sensibilité du beau, une manière de s'inscrire dans la dynamique de la vérité, et ce par le biais de l'intersubjectivité. L'expérience esthétique peut donc apparaître comme le phénomène, sinon de la dynamique de la vérité, d'un vrai. [...]
[...] C'est ici que prend place la fameuse et malmenée analyse kantienne de la question esthétique. La définition du beau tirée du premier moment de l'Analytique du beau de Kant est en effet la suivante : Le goût est la faculté de juger d'un objet ou d'un mode de représentation par une satisfaction ou une insatisfaction dégagée de tout intérêt. L'objet d'une semblable satisfaction s'appelle beau. Nous accepterons cette définition qui nie toute fin utilitaire au beau. Qui nie toute fin utilitaire à l'objet de l'expérience esthétique. [...]
[...] C'est une des fins du théâtre, ou de l'épopée. En fait si nous nous y référons nous pouvons voir que le sublime et l'horrible sont souvent intimement lié, de même que le laid et le beau. Antigone, que certains trouvent laide par rapport à Ismène, se sublime par son acte de liberté, quand sa sœur horrifie par sa soumission. Nous pouvons ainsi nous demander si, de le même façon que l'horrible est lié au sublime, le laid ne pourrait pas faire comme le beau l'objet d'une expérience esthétique globale. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture