« Certitude servitude », cette citation extraite du Carnet d'un biologiste de Jean Rostand illustre le point de vue d'un scientifique qui malgré le caractère concret de sa spécialité, dénonce le dogmatisme comme une prison privilégiant ainsi la nécessité de la recherche, de la remise en question.
La question se pose donc de savoir de quelle manière se définit la conviction d'un être dans son essence. Comment est-il possible d'éviter le doute ? Un individu est-t-il en mesure d'éprouver la logique d'une chose, d'un fait, ou de lui-même ? Et enfin, peut-on avoir accès à une vérité tout en admettant son ignorance relative ?
[...] Il est d'ailleurs possible de faire ici le parallèle avec la déclaration rapportée par Platon des propos de Socrate, Ce que je sais est que je ne sais rien qui lui permet à son époque de remettre en question les dogmes établis et par là même, les savoirs que disent détenir les gens de pouvoir, attitude particulièrement gênante qu'il payera de sa vie. En effet, si l'on part du principe que la vérité est établie par l'homme, comment alors être certain de manière universelle puisque la connaissance du monde reste incomplète ? Le point de vue du philosophe est donc empreint d'un relativisme qui considère la subjectivité de la sincérité individuelle en induisant le paradoxe du logos, la dualité fondamentale du langage qui ne peut permettre d'exprimer la connaissance de façon unique. [...]
[...] L'homme a ainsi une certitude, celle d'exister. Cette vérité universelle sera d'ailleurs reprise en 1807 par Georg W.F. Hegel dans La Phénoménologie de l'Esprit. Pour le philosophe allemand, l'état de vérité se place au point de vue de la conscience, dans son intériorité, et doit absolument dépasser le stade de la conscience de soi. Elle devra, afin d'acquérir le savoir absolu, se confronter au monde cet autre qu'elle désire, dans lequel elle doit se reconnaître et contre lequel elle va devoir lutter jusqu'à se heurter à ses limites, sa peur de la mort. [...]
[...] Aussi est-il important de parvenir à un doute méthodique qui permette de fixer dans un premier temps, sa propre limite. Si l'on s'intéresse au concept de certitude à travers l'histoire, il est intéressant de noter que depuis l'antiquité, la philosophie s'attache à le définir avec prudence. Dans La République de Platon, apparaît ainsi la notion d'idéal de laquelle découlerait une illusion du savoir à distinguer de la vérité. Une certitude immédiate, ou opinion qui serait émise a priori ne serait donc pas en mesure de permettre une réflexion métaphysique sur les notions de vrai et de faux étant donné qu'elle ne s'appliquerait qu'au domaine subjectif de l'apparence externe. [...]
[...] Ainsi, la méthode cartésienne permet-elle d'instaurer un point de départ, un état de certitude indéniable dans la reconnaissance du sujet comme être qui pense. Mais si ce constat premier vient éradiquer le scepticisme extrême, il ne parvient pas pour autant à permettre l'interaction du sujet dans le monde, ce qui apparaît comme paradoxal lorsque l'on observe l'inéluctabilité et la nécessité de l'évolution de l'humanité. A travers le déroulement de l'Histoire se constate le développement, le progrès de l'homme qui certes sont dus à ses multiples découvertes dans de nombreux domaines mais surtout, à sa volonté de chercher à les exploiter afin d'avancer tant dans sa quête de lui-même avec par exemple l'histoire, la philosophie et la psychologie, que dans la science, mathématique, biologie, physique, qui lui permet de prétendre à comprendre le monde. [...]
[...] Aussi, grâce à son appartenance au domaine scientifique, Pascal, en mesure de reconnaître les limitations fondamentales de la science qui lui interdisent d'acquérir des certitudes absolues, fait ainsi le pari de trouver cet idéal dans la foi en Dieu. Conscient que la raison humaine a besoin d'un guide pour élever son jugement au-dessus des puissances trompeuses de l'imagination et de l'amour propre, il lui conseille d'accepter l'autorité et la supériorité divine. Mais alors qu'il serait possible de voir dans ce pari, le point de vue d'un homme en quête de réponses, c'est le sens même de la vie qui est ici mis en cause. [...]
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