Changement, temps, décisions personnelles, décisions politiques, décideurs publics, constantes, repères
« Comme les reflets des dieux sont changeants et insaisissables ! Ils nous roulent et nous emportent de-ci de-là à leur gré. (…) Aucune fortune n'est stable à long terme ». Euripide, dans la tragédie Hélène décrit la condition humaine comme un objet irisé, aux couleurs multiples et changeantes. La tragédie est d'ailleurs, par essence, l'illustration d'un changement de fortune, qui fait basculer les personnages dans le nœud tragique.
[...] Certes, il apparaît nécessaire que la société se retrouve autour d'un certain nombre de points de repères. Ainsi en France, la devise liberté, égalité, fraternité, a le mérite de fixer des valeurs intrinsèquement liées à l'histoire de la nation, qui doivent être rappelées et re-densifiées afin de servir de guides et de repères aux politiques publiques nécessairement adaptatives et changeantes. Des acquis comme le « modèle social français » ou la « laïcité à la française » peuvent également servir de repères face aux changements, tout en changeant ce qu'il faut pour ne pas être changés plus brutalement encore. [...]
[...] Bien entendu, ce changement permanent de la nature n'épargne pas l'homme qui en est partie. Les tragédiens grecs tels Pindare, Sophocle ou Euripide comparent d'ailleurs fréquemment les aléas de la vie humaine aux cycles naturels, et notamment au changement des saisons. Plus concrètement, chaque âge de la vie s'accompagne de métamorphoses du corps humain. Vivre, c'est grandir, puis vieillir, c'est-à-dire changer. Le changement est donc intrinsèquement lié à la condition humaine. Certaines étapes de la vie correspondent à des changements particulièrement visibles –puberté, vieillesse, etc. [...]
[...] De la même manière, le changement est inhérent à l'Histoire des hommes. Qu'est-ce que l'histoire si ce n'est la mise à jour de lignes de ruptures, de grandes évolutions, ou –par contraste –de constantes ? Changement des mentalités, évolution des institutions, inversement des rapports de force, révolutions : les sociétés humaines sont caractérisées par des changements qui peuvent s'apparenter à de lentes évolutions ou à de brutales ruptures. * Mais l'homme souhaite se rendre « maître et possesseur de la nature » (Descartes, Discours de la méthode). [...]
[...] Comment, alors, individus et décideurs publics peuvent-ils tenir compte des multiples dimensions de la notion de changement ? Car en effet, si le changement est inhérent au temps qui passe et à la nature, il peut également être l'objet de décisions personnelles ou politiques et être valorisé comme tel Dès lors, les individus tout comme les décideurs publics doivent être en mesure d'accompagner le changement, et de l'impulser quand cela est nécessaire, tout en mettant en évidence des constantes et des repères (II). [...]
[...] Ainsi le slogan de campagne du candidat à la présidentielle François Hollande –« le changement c'est maintenant » –rappelle cette priorité donnée au changement. Déjà en 2002, François Bayrou publiait avec Luc Ferry Penser le changement. De la même manière, le livre-programme de Barack Obama paru en 2008 s'intitulait Le changement. Nous pouvons y croire. Cette thématique semble donc particulièrement porteuse, et déploie son champ lexical dans toute la sphère politique : changement, rupture, réforme, sont autant de piliers de la communication des gouvernants ou des candidats. [...]
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