Par elle-même, l'activité artistique est mystérieuse. Lorsque l'artiste travaille, lorsqu'il produit ou plus précisément lorsqu'il crée, il semble parfois pénétré de quelque chose d'indéfinissable. Ce quelque chose, nous le nommons inspiration, idée qui renvoie au souffle divin, à cette énergie qui dépasse l'artiste lui-même. Si nous interrogeons des artistes, ils définissent ce moment comme une impossibilité de ne pas agir. L'artiste est mû par quelque chose qui le dépasse, qui l'oblige à créer, c'est-à-dire à traduire ses pulsions en créations. Pourtant, l'activité artistique demande une certaine maîtrise, maîtrise du geste, maîtrise de techniques. On est alors en droit de se demander si l'artiste cherche sans cesse à voiler son travail, à rendre complexe l'accès au sens de celui-ci, ou bien si ce voilement le dépasse.
[...] Ainsi, de fait, par son statut de création humaine, l'œuvre d'art a de fait un sens caché. Par ailleurs, l'artiste peut choisir d'entrer dans une symbolique, symbolique qui peut lui être spécifique et qui peut s'expliquer par une meilleure connaissance de la vie de l'artiste, ou bien une symbolique plus large, plus rependue, dans le choix des couleurs par exemple. Le voilement d'une œuvre d'art est donc double : volontaire quand l'artiste entre dans une symbolique précise (théorie des couleurs par exemple involontaire quand certains aspects de l'inconscient de l'artiste transparaissent sur l'œuvre. [...]
[...] Est-ce que l'art comme la nature aime à se cacher ? A propos de l'expression la nature aime à se cacher L'expression vient d'Héraclite, philosophe grec, vivant au VIe siècle av. J.-C. réputé pour le caractère obscur de ses propos. Champ conceptuel Ce sujet relève de la philosophie esthétique, il s'agit de réfléchir sur le sens de l'art, ses objectifs, ses intentions. Difficultés particulières du sujet Pas plus que la nature, l'art n'est en mesure d'avoir des intentions, des objectifs, en lui-même. [...]
[...] Il y a de l'utile dans l'art, cette activité, qui dès le départ est traversée par un sens double, art de l'artisan et art de l'artiste, pose cependant le principe de son utilité. Ce principe s'exerce en dehors de toute intention de voilement comme nous l'avons vu dans le cas du portrait ou de l'allégorie. Si on peut considérer l'activité artistique comme voilement, si on peut imaginer l'artiste comme cherchant à cacher le sens de son travail, c'est au travers du prisme de la modernité, dans l'arrachement de l'art aux beaux-arts. [...]
[...] En effet, représenter, c'est présenter à nouveau, ce qui sous-entend qu'il y a toujours une présentation première, dont l'absence suppose la nécessité d'être représenté d'une manière différente. Prenons le cas des portraits : pour une large part, l'art du portrait anime l'histoire de l'art. Le portrait apparaît dès l'antiquité, au Vème siècle av. J.-C., sur les monnaies des rois de Perses. Il a bien sûr pour fonction de permettre le souvenir d'une personne quand celle-ci disparait, mais il a également pour fonction de créer une image historique du commanditaire. [...]
[...] Une allégorie en représentation picturale (peinture et sculpture pour l'essentiel) emploie une figure mythologique sous forme d'icône, dont la seule présence évoque le passé mythographique, supposé culturellement connu de tous les esthètes de l'art. Le jeu de l'allégorie est donc de figurer, sans autre forme que l'image fixe, une histoire légendaire ou mythique. L'artiste qui s'adonne à l'allégorie cherche au contraire à rendre visible l'invisible, il traduit en images compréhensibles un concept, une idée. C'est le cas par exemple de l'allégorie de la mère patrie (William Adolphe Bougereau, 1825-1905). [...]
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