L'homme se perçoit spontanément comme constitué d'un esprit et d'un corps matériel, et l'image qu'il a volontiers de lui-même privilégie l'esprit par rapport au corps : l'homme détermine ses actes grâce à sa volonté, il élabore des pensées éventuellement complexes indépendamment des situations matérielles dans lesquelles il se trouve, il a aisément l'impression de bénéficier d'une liberté spirituelle indiquant l'autonomie de son esprit.
Sans doute connaît-il aussi quelques situations, ne serait-ce qu'une maladie, dans lesquelles son corps paraît bien prendre le dessus, mais elles lui semblent constituer davantage des exceptions qu'il finit d'ailleurs par corriger, que la réalité de son existence normale.
Cette perception de soi-même est-elle fondée ? Ne conviendrait-il pas au contraire d'y dénoncer une illusion permanente, dans la mesure où l'esprit dépendrait de la matière ? Au-delà de la classique opposition entre spiritualisme et matérialisme, il convient d'interroger à ce propos le point de vue des sciences, même s'il risque de modifier sérieusement les termes du problème
[...] Au-delà de la classique opposition entre spiritualisme et matérialisme, il convient d'interroger à ce propos le point de vue des sciences, même s'il risque de modifier sérieusement les termes du problème. Pour la tradition spiritualiste, l'esprit ne peut être qu'indépendant, parce qu'il est de nature supérieure L'esprit est éternel, la matière est fluctuante La conception platonicienne oppose à l'univers matériel, que caractérisent le changement, le temps et la mort, la réalité d'un univers spirituel, composé de principes permanents, immuables. L'esprit de l'homme participe du second, auquel il peut avoir accès. Il est donc supérieur à la matière. [...]
[...] La vie, affective ou spirituelle, résulte seulement d'une complexification de la matière, et cela supprime toutes les hypothèses théologiques et métaphysiques. Quant au matérialisme dialectique, il prétend rendre compte de l'histoire Selon Feuerbach, C'est le phosphore qui pense en nous Selon Marx, peut- être, mais les pensées ont des conséquences sur l'histoire des situations matérielles. Même si elles dépendent initialement de l'état matériel (socio- économique), elles peuvent entraîner dialectiquement sa modification. III- Mais faut-il continuer à évoquer comme des réalités esprit et matière Points communs entre physique et psychique La distinction entre matière et esprit n'est peut-être pas fondée dans la mesure ou les évènements que l'on peut y étudier ont de nombreux points communs: une tache de couleur est à la fois un phénomène psychique et un phénomène de perception. [...]
[...] L'esprit ne peut que dominer la matière, et lui échapper. Le dualisme cartésien confirme la supériorité de l'esprit, qui est aussi plus facile à connaître que la matière corporelle Par la cogito, l'esprit se saisit directement lui-même, indépendamment de toute médiation physique. L'univers matériel relève d'une connaissance géométrique et mécanique, alors que l'existence de l'âme suppose une approche métaphysique ou morale. II- Pourtant, les systèmes matérialistes inquiètent l'indépendance spirituelle Pour les épicuriens, esprit et matière sont constitués des mêmes éléments Les atomes composent toute réalité. [...]
[...] les possibilités actuelles de l'imagerie cérébrale). Il existe sans doute un fossé entre la réalité des liens existants entre l'esprit et la matière et la conscience que l'on en prend spontanément; mais quotidiennement nous continuons aussi à admettre que le soleil se lève Il est possible que les sciences préparent, concernant la conception de l'homme, un bouleversement comparable à ceux de Galilée, Darwin et Freud, mais peut-être aurons-nous autant de difficulté à admettre que notre esprit n'est guère différent de la matière que nous en éprouvons aujourd'hui pour nous rappeler qu'il y a en nous de l'inconscient. [...]
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