Cette citation de Montesquieu est extraite du livre XXI De l'esprit des lois. Elle apparaît à l'issue d'un développement sur les échanges commerciaux et leurs apports à la civilisation. Et en effet, bien que ce ne soit pas son seul sens (puisque l'intérêt désigne au sens large la recherche par un individu de ce qui lui convient), nous associons volontiers la notion d'intérêt à celle de la recherche d'un avantage économique, ce qui va d'ailleurs dans le sens de la proposition de Montesquieu. Celle-ci peut apparaître surprenante, non tant parce que les passions y sont accusées d'inspirer aux hommes "la pensée d'être méchants" (ce qui rejoint les préoccupations morales d'autres philosophes) mais parce que l'intérêt s'y voit attribuer le rôle de "contrepoids" à leurs débordements (...)
[...] Car la passion est toujours passion dominante qui ne permet pas à l'individu de considérer la somme de toutes ses autres inclinations. Kant donne l'exemple de l'homme ambitieux : tant que son ambition demeure une inclination parmi d'autres il parvient à composer avec ses autres inclinations : soin de conserver de bonnes relations avec autrui, de ménager l'intégrité de sa fortune En revanche dès que son ambition devient passion il devient aveugle à toutes les autres considérations. L'individu n'est donc plus libre de se déterminer lui-même mais se retrouve sous l'emprise de sa passion : son penchant devient le seul motif de son action, il est donc privé de sa liberté de décision. [...]
[...] Dans les passions et les intérêts Hirschmann donne le contexte philosophique dans lequel apparaît l'idée d'opposer les intérêts à la force des passions. Il y va d'un constat de l'impuissance de la raison face aux passions. Au XVIIIe Hume dans son Traité de la nature humaine (livre II, partie section refuse d'opposer passion et raison dans une lutte pour la détermination de la volonté dans la mesure ou il refuse à la raison la possibilité d'être –comme la passion- motif de l'action. [...]
[...] On peut toutefois se demander si la vision de Kant n'est pas un peut trop rigoureuse de sorte que la morale ne serait qu'une théorie sans application pratique. C'est justement ce dont se défend Kant dans son opuscule Sur le lieu commun : ceci peut être juste en théorie mais ne vaut rien en pratique ou il souligne la valeur pratique du devoir. En effet il apparaît que le motif de l'action morale est plus clair et plus prometteur : Kant affirme en effet qu'il est simple et naturel pour un homme de déterminer ou se situe son devoir (même un enfant de huit ans en est capable). [...]
[...] Plaçons nous tout d'abord du coté des dirigeants de l'Etat. Lorsque un homme abandonné a ses passions se trouve à la tête de l'état il risque a la manière de l'homme ambitieux de tout sacrifié a sa passion : le bien être de son peuple, le richesse et la sécurité de son état, la conservation de sa charge Cela se retrouve dans le portrait dressé par Platon du tyran au livre IX de la République : le tyran tyrannisé par ses passions gouverne de manière arbitraire une citée asservie, misérable, pauvre et dont les habitants vivent dans la crainte. [...]
[...] Dans cette dernière on ne s'intéresse qu'au résultat qui doit être conforme à un objectif donné. Bien-sur le résultat n'est pas forcément mauvais, il peut même être louable, mais si on s'en tient de manière stricte à ce qui constitue une action morale seule compte la motivation initiale. Kant distingue de plus entre l'action morale et l'action simplement conforme au devoir car pour être dite morale une action doit être faite par devoir, la loi morale déterminant de manière directe la volonté) et non pas seulement en conformité avec celui-ci, c'est à dire que la volonté est déterminée par l'intermédiaire d'un sentiment quelconque (ainsi le commerçant honnête que nous évoquions précédemment n'agissait peut-être pas par devoir). [...]
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