Alors que le marxisme traditionnel pensait la possibilité d'une totalité fermée où la société puisse être entièrement transparente à elle-même, la théorie gramsciste de l'hégémonie affirme au contraire que l'horizon d'une telle totalisation ne peut être que mythique dans le sens où il existera toujours des demandes, et donc toujours du politique. Or cette représentation d'une totalité mythique est assumée par une partie qui suppose un l'investissement affectif et hégémonique d'un objet partiel.
Ce n'est qu'à cette condition que peut se construire le peuple : « le besoin de constituer un « peuple » (une plebs prétendant être un populus) apparaît seulement quand cette plénitude n'est pas atteinte, et que les objets partiels dans la société (les buts, les figures ; les symboles) sont investis de manière à devenir le nom de son absence. »
[...] C'est que les antagonismes émergents ne proviennent pas de l'état des choses existant mais sont en rupture avec lui (par exemple une demande d'augmentation de salaire ne résulte pas du système capitaliste mais rompt avec lui au nom de quelque chose qui lui est étranger, par exemple la justice), d'autre part le signifiant vide permet d'agréger des luttes qui peuvent être de nature différente mais qui pourtant peuvent se reconnaître dans une même situation. En cela Zizek se détache de Zizek qui ne pense le sujet révolutionnaire qu'en termes de classe, la lutte révolutionnaire ne pouvant qu'être qu'anticapitaliste[15]. Laclau, La raison populiste, p.140. Laclau, La raison populiste, p.142. C'est pourquoi le peuple sera toujours quelque chose de plus que le pur opposé du pouvoir. [...]
[...] (E.Laclau, La raison populiste, p.182). Laclau, La raison populiste, p.182. Quand l'insécurité des individus s'accroît, en conséquence d'une crise économique, ou des ravages d'une guerre, quand le conflit entre les classes et les groupes s'exaspère et ne trouve plus sa résolution symbolique dans la sphère politique, quand le pouvoir paraît déchoir sur le plan du réel, en vient à apparaître comme quelque chose de particulier au service des intérêts et des appétits de vulgaires ambitieux, bref se montre dans la société, et que du même coup celle-ci se fait voir comme morcelée, alors se développe le phantasme du peuple-un, la quête d'une identité substantielle, d'un corps social soudé à sa tête, d'un pouvoir incarnateur, d'un Etat délivré de la division. [...]
[...] Les difficultés commencent quand Zizek transforme l'économie en instance homogène autodéfinie opérant comme le fondement de la société autrement quand il la réduit à un modèle explicatif hégélien. La vérité est que l'économie est, comme tout le reste dans la société, le lieu d'une surdétermination des logiques sociales, et sa place centrale est le résultat d'un fait évident, à savoir que la reproduction matérielle de la société a plus de répercussions pour les processus sociaux que d'autres instances. Cela ne veut pas dire que la reproduction capitaliste peut être réduite à un mécanisme unique, se définissant lui-même. (E.Laclau, La raison populiste, p.275). [...]
[...] (E.Laclau, La raison populiste, p.179). Laclau, La raison populiste, p.147. Laclau, La raison populiste, p.177. Laclau, La raison populiste, p.181. Si à première vue tout n'est pas politique dans notre société, c'est parce que nous avons oublié l'acte originaire de son institution qui passe par la construction du peuple : Tout n'est pas politique dans la société, parce que nous avons de nombreuses traces de formes sociales sédimentées qui ont brouillé les traces de leur institution politique originelle ; mais si l'hétérogénéité est constitutive du lien social, nous allons toujours avoir une dimension politique par laquelle la société et le peuple sont constamment réinventés. [...]
[...] Laclau, La raison populiste, p.196. E. Laclau, La raison populiste, p.201. Chantal Mouffe, The Democratic Paradox, Londres, Verso E.Laclau, La raison populiste, p.283. La neutralité du droit à l'égard des différenciations éthiques internes s'explique déjà par le fait que, dans les sociétés complexes, la totalité des citoyens ne peut plus être unie par un consensus substantiel sur les valeurs, mais seulement par un consensus sur les procédures d'instauration légitime du droit et d'exercice du pouvoir. Jürgen Habermas, L'intégration républicaine. [...]
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