Ce document est une dissertation d'anthropologie complète et entièrement rédigée. Il s'agit ainsi de saisir en quoi consiste la à l'épreuve de notre propre chair : se caractérise-t-elle par une autoaffection mêlée à une quête illimitée de vie ?
[...] Qu'est-ce qu'éprouver dans sa chair ? Avoir pour dessein de définir ce qu'est la chair n'est pas chose aisée et il ne suffirait pas d'en donner les multiples ententes pour en découvrir un sens profond et unique tant son emploi et son histoire attestent d'une richesse qui tend vers l'indétermination. Pourtant, deux sens principaux peuvent être signalés. Faire référence à la chair revient à mettre l'accent à la fois sur ce qui s'apparente à la partie rouge des muscles et à la peau, la partie molle de tout être, et sur ce qui s'apparente à la nature humaine au sens où elle s'oppose à la nature spirituelle. [...]
[...] L'épreuve et le ressenti de ma chair sont une expérience à plusieurs strates : transcendantale, physique et divine. L'interpénétration de ces strates fait de la chair et de l'épreuve que j'en fais une expérience unique qui a donné lieu à une vaste entreprise de compréhension de la chair qui, comme nous l'avons indiqué plus haut, marque à la fois son indétermination et sa richesse tant au niveau de son histoire que du lexique employé et de l'expérience que nous en avons. [...]
[...] Le nourrisson est le fruit d'une interpénétration de la chair avec une autre chair de même nature. Ce faisant, la chair ne saurait être uniquement source de péché, au contraire, faire un seul et même corps, c'est partager la nature physique et spirituelle de la chair pour engendrer un être nouveau. Éprouver dans ma chair relève ainsi à la fois d'une expérience de notre propre subjectivité comme subjectivité transcendantale, mais aussi comme être en chair et en os, doté d'une vie spirituelle et divine. [...]
[...] Elle renvoie davantage au vécu du sujet, de sa conscience de soi et de ses émotions. Elle fait alors référence à un hic et nunc particulier, c'est-à-dire la manifestation d'une dynamique intérieure qui révèle une vie et une conscience et ne peut d'aucune façon être réduite comme tout autre objet matériel. La chair serait l'instance à partir de laquelle chaque sujet se mettrait en mouvement, siège des (auto-)affections et de la volonté, mais serait également un centre d'orientation, une position originale dans le sens où elle fait intervenir un sujet qui ne peut se confondre avec qui ou quoi que ce soit d'autre. [...]
[...] Faire l'épreuve de ma chair relève ainsi, selon les textes sacrés et la religion judéo-chrétienne, d'une épreuve de la divinité et de nos propres aspirations, lesquelles doivent être régies par l'intellect (dianoia) pour ne pas sombrer dans la luxure. La chair, comme condition de notre vie et de notre mortalité, est donc toujours tiraillée entre deux modalités d'être, l'une qui tend vers ce qui est spirituel, Dieu, l'autre qui tend vers la réalisation de nos désirs et de nos besoins vitaux. Mais il ne faudrait pas dissocier d'emblée ces deux aspirations dans la mesure où la chair peut également être perçue comme ce qui donne vie. [...]
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