Les Maximes capitales d'Epicure sont des sentences générales portant essentiellement sur l'éthique et qui résument les préceptes, les règles d'action ou de pensée essentiels de la sagesse épicurienne, notamment sur le « quadruple remède », les vertus ou encore le plaisir, comme c'est le cas pour la maxime X d'Epicure que nous allons étudier (...)
[...] La première crainte évoquée est celle des réalités célestes, c'est-à-dire essentiellement des dieux, qui auraient une action sur le monde des hommes, pourraient les punir. La deuxième crainte est celle de la mort, en elle- même car elle pourrait être une souffrance extrême et de ce qui la suit, qui pourrait être une éternité de souffrance. Quant à la crainte des douleurs, elle consiste à penser que les douleurs n'ont pas de limites et qu'on pourrait donc ne pas supporter la douleur. [...]
[...] Ces quatre troubles des hommes correspondent au quadruple remède que leur propose Epicure, consistant à étudier la nature des choses et comprendre que ces craintes n'ont pas d'objet, mais qu'Epicure tait ici pour continuer à défendre le point de vue adversaire au sien. La deuxième partie de la maxime explicite la conséquence de la supposition précédente : celle-ci serait légitime puisque cela permettrait aux hommes, de manière positive, d'être emplis de tous côtés par les plaisirs autrement dit d'être pleinement satisfaits, comblés (au sens figuré comme au sens propre puisque cela signifierait, dans la physique épicurienne, qu'ils combleraient le manque d'atomes qui est la cause de la douleur du corps et de l'âme, bien que les atomes de l'âme soient différents, plus petits et mobiles). [...]
[...] Ce qu'Epicure souligne par là est que le bonheur et la morale n'entrent pas en contradiction mais, bien au contraire, se confondent et il s'oppose ainsi aux conceptions qui sacrifient le bonheur au nom de la morale, en leur répliquant qu'il n'y a pas d'autre bien que celui qui est naturel (et non conventionnel) et qui se nomme plaisir. Pour conclure, cette dixième maxime reprend les éléments principaux de la sagesse épicurienne, à savoir les quatre troubles des hommes, supprimés par le quadruple remède proposé par l'épicurisme, implicitement la distinction entre les plaisirs stables, constituant l'ataraxie, et les plaisirs en mouvement, incapables de nous mener au bonheur et l'idée que le plaisir s'identifie au bien et la douleur au mal. [...]
[...] Cette maxime fait donc la synthèse de l'éthique épicurienne. Sa spécificité réside dans sa forme de raisonnement par l'absurde qui s'oppose à un hédonisme pur et simple qui échouerait à nous procurer le bonheur et en même temps affirme un hédonisme modéré et raisonnable qui, lui seul, peut nous mener à l'ataraxie. [...]
[...] Elle se présente comme un raisonnement par l'absurde dans la mesure où elle propose une hypothèse contraire aux enseignements d'Epicure pour montrer tout l'intérêt de ceux-ci dans la quête du bonheur. La problématique posée dans cette maxime par Epicure est de savoir s'il faut ou non reprocher aux hommes de mener une vie de plaisirs irréfléchie, autrement dit si ce mode de vie est légitime dans la perspective d'atteindre le bonheur. La thèse qu'il défend est que cela ne saurait être légitime dans une perspective eudémoniste car cela ne permettrait pas d'éradiquer les troubles qui causent le malheur des hommes, contrairement au quadruple remède qu'il propose. [...]
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