Pour beaucoup, la philosophie est une discipline théorique, purement spéculative, qui se complaît dans des discours abstraits, et on ne voit pas bien en quoi elle pourrait concerner notre existence la plus quotidienne. Mais c'est oublier l'étymologie même du mot "philosophie" : à l'origine, il désigne en effet l'amour de la sagesse, plus précisément le désir d'une sagesse que l'on est conscient de ne pas posséder (...)
[...] Epicure s'inscrit indéniablement dans ce contexte: pour lui, on ne peut pas être heureux sans être sage, honnête et juste ni être sage, honnête et juste sans être heureux La vertu fait le bonheur, et inversement, il n'y a pas de véritable bonheur sans vertu. Est vertueux l'homme qui a pleinement accompli sa nature, en l'occurrence sa raison, ce qui en fait un idéal à atteindre pour les autres. Mais comment être sûr que la sagesse est vraiment ce que tout homme devrait rechercher? Epicure le montre par un questionnement qui ressemble à un raisonnement par l'absurde: si on ne peut concevoir personne qui soit supérieur au sage alors c'est que le sage est la figure la plus élevée au sein de l'humanité. [...]
[...] Là encore, le seul remède est la philosophie, qui nous permet d'ôter ce surplus imaginaire, cause de toutes nos craintes. Conclusion Dans ce texte, Epicure s'est donc attaché à nous présenter la philosophie d'un point de vue utilitaire: on ne philosophe pas en vain, mais pour atteindre le but suprême de toute existence humaine, à savoir le bonheur. Bien sûr, la philosophie ne nous offre pas une succession de plaisirs déréglés, car ce n'est pas là que réside le véritable bonheur, bien au contraire. [...]
[...] Conçois-tu maintenant que quelqu'un puisse être supérieur au sage, qui a sur les dieux des opinions pieuses, qui est toujours sans crainte à la pensée de la mort, qui est arrivé à comprendre quel est le but de la nature, qui sait pertinemment que le souverain bien est à notre portée et facile à se procurer et que le mal extrême, ou bien ne dure pas longtemps, ou bien ne nous cause qu'une peine légère ( . ) ? (Epicure, Lettre à Ménécée) Introduction Pour beaucoup, la philosophie est une discipline théorique, purement spéculative, qui se complaît dans des discours abstraits, et on ne voit pas bien en quoi elle pourrait concerner notre existence la plus quotidienne. Mais c'est oublier l'étymologie même du mot «philosophie»: à l'origine, il désigne en effet l'amour de la sagesse, plus précisément le désir d'une sagesse que l'on est conscient de ne pas posséder. [...]
[...] Enfin, il reste un dernier obstacle à surmonter, la dernière cause de trouble: la crainte du mal extrême ce qui désigne la douleur du corps. Or pour Epicure, cette dernière ou bien ne dure pas longtemps, ou bien ne nous cause qu'une peine légère» : la douleur, si elle est intense, détruit la cohésion de l'organisme, et ne durera pas longtemps au sens où elle découchera sur la mort, qui elle est la cessation de toute douleur. Et si la douleur dure, alors elle est supportable, puisque tant que nous sommes vivants, selon la doctrine épicurienne, c'est que la quantité de plaisir l'emporte sur la force destructrice de la douleur. [...]
[...] Pour ce faire, Epicure procède à une énumération des caractéristiques du sage. Ce dernier est tout d'abord quelqu'un qui a sur les dieux des opinions pieuses» : la piété consiste ici à avoir une conception adéquate de la véritable nature des dieux, par opposition à la foule qui entretient à leur sujet des légendes indignes d'eux. Ainsi l'opinion se représente les dieux de l'Olympe comme des êtres colériques, versatiles, emplis de défauts . Mais aux yeux d'Epicure ce sont là des sentiments que seul un être faible peut éprouver, et donc certainement pas les dieux qui sont des êtres bienheureux, qui ne sont en proie ni à la colère, ni à la faveur, et qui n'interviennent aucunement dans le cours des affaires humaines. [...]
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