Dans sa Lettre à Ménécée, Epicure énonce les principes de son éthique, ou comment il convient de se comporter. Comment distinguer ce qu'il faut faire ou ne pas faire, ou encore comment distinguer le bien du mal ? En associant bien et plaisir, douleur et mal, Epicure nous encourage dans ce texte à choisir et à poursuivre les plaisirs qui nous rendront vraiment heureux (...)
[...] La notion de sacrifice renvoie étymologiquement à la notion de sacré. Dans le sacrifice on "fait sacré", on donne une dimension sacrée à notre attitude, que ce soit dans des sacrifices d'animaux par exemple, ou dans l'offrande de sa propre souffrance en sacrifice. Lorsque l'on se sacrifie, c'est au profit d'une divinité, ou de quelqu'un d'autre à qui l'on accorde plus d'importance qu'à soi-même. Rien de tel dans la perspective d'Epicure, où l'individu avec sa sensibilité reste l'ultime référence, et si l'on doit renoncer à certains plaisirs c'est bien d'abord pour nous-mêmes. [...]
[...] Les deux, parce qu'il justifie ce qu'il faut faire par ce que nous faisons naturellement. De fait cela est vrai de manière spontanée pour tous les hommes, dès la naissance l'enfant cherche à satisfaire ses besoins. Et cela devient un mot d'ordre dans la philosophie d'Epicure, qui fonde son éthique dans la nature et dans l'expérience sensible de l'homme : nous devons partir du plaisir et de ce que nous éprouvons pour garder ce qui est source de plaisir et rejeter le déplaisir "avec comme critère du bien notre sensibilité". [...]
[...] Bien plus, ce mode de vie semble aller à rencontre de toute limite dans la poursuite des plaisirs, réduisant à néant notamment tout effort pour réguler une vie en société . Est-ce à cela que nous encourage Epicure? Ce serait faire un contresens. "Précisément parce qu'il est le bien premier, épousant notre nature, pour cela précisément nous ne recherchons pas tout plaisir." Cette même sensibilité nous permet de reconnaître que ce que l'on a d'abord considéré comme un bien peut se révéler être un mal, par ses conséquences négatives. [...]
[...] Ce qui fait sans doute défaut à Epicure et aux morales centrées sur l'individu, c'est de ne pas suffisamment prendre en compte la valeur d'autrui. Mais on doit reconnaître à l'éthique épicurienne le mérite de nous inviter à refuser les dérives excessives d'un code moral ou religieux qui voudrait s'imposer sans tenir compte de l'intérêt de l'individu lui-même, et si l'on doit obéir au devoir moral ce ne peut être qu'en tant qu'il nous apparaît comme une obligation, et non comme une contrainte. [...]
[...] Epicure ne s'inscrit pas dans cette dynamique issue de l'héritage judéo- chrétien, et enseigne avant tout une arithmétique des plaisirs, en vertu de laquelle la réflexion devrait "estimer" et peser les conséquences de chaque plaisir et déplaisir apparent. "Tout plaisir est en tant que tel un bien et cependant il ne faut pas rechercher tout plaisir; de même la douleur est toujours un mal, pourtant elle n'est pas toujours à rejeter". Personne ne doit mépriser le plaisir en temps que plaisir, ou rechercher le mal pour le mal, mais il convient de bien examiner et de ne pas se tromper sur ce qui est vraiment bien ou moindre mal pour nous. [...]
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