1/ Philosophie pragmatique dont le but est la quête du bonheur (≠ spéculative : connaître pour connaître) : le critère de la vérité se trouve dans l'action [pragma]; est vrai ce qui réussit et qui est utile (utilitarisme). La pensée philosophique est la servante du bonheur des hommes :
La sagesse, cet art de la vie, si elle ne servait à rien ne serait point désirée; si on la désire, c'est qu'elle est, pour ainsi dire, l'artisan du plaisir que nous recherchons et voulons nous procurer (CICERON).
2/ Philosophie sensualiste et empirique : "Rien n'est dans l'entendement qui ne soit auparavant passé par les sens" (Hume). Le premier et seul authentique mode d'approche de la réalité, notre être-au-monde le plus vrai, c'est la sensation [≠ le rationalisme platonicien pour lequel la connaissance vraie est irréductible à l'opinion et à l'expérience sensible (mythe de la Caverne, paradigme de la ligne)].
3/ Philosophie de l'immanence naturaliste, positiviste (i.e. non-métaphysique : la seule explication valable est l'explication scientifique): très éloigné de l'effort platonicien vers le rationnel, l'a priori, l'intelligible pur étant donné que l'évidence sensible est le seul vrai critère immédiat. Il n'y aucune finalité cachée à découvrir, il s'agit simplement de rendre notre monde rassurant (aucune postulation d'un ailleurs meilleur).
4/ Philosophie pratique (≠ théorique) : philosophie et science n'ont de sens que si elles mènent au
bonheur : rendre heureux [but] > rendre savant [moyen].
5/ Eudémonisme pédagogique, méthodologique. Tout le monde aspire au bonheur (eudemonia) mais en aveugle, i.e. faute de méthode, "comme des archers qui ne savent pas où est la cible" (Aristote). La philosophie servira donc de chemin (methoda) pour supprimer les deux sources d'angoisse qui empêchent l'homme d'accéder au bonheur : la crainte des dieux et de la mort. Comment ?
• les dieux ne se soucient pas de nous : rien à craindre, aucune eschatologie.
• "la mort n'est rien pour nous" car tout mal et tout bien réside dans la sensation; or la mort, c'est la privation de toute sensation. De plus, ce n'est pas le mort qui est à plaindre. L'expérience de la mort est une expérience des vivants; il n'y a en effet pas d'expérience de la mort propre. A la différence du stoïcisme, le suicide est donc une solution inauthentique : la mort volontairement
donnée à soi-même par peur de mourir est une ineptie pour l'épicurisme.
Nous voilà ainsi débarrassés du double souci du jugement divin et de la survie de l'âme. L'homme est
désormais apte à bien vivre, i.e. à parvenir au bonheur, et ce dans le bon usage des désirs. Si le
bonheur se définit par l'absence de souffrances physiques et morales (ataraxie), la condition est de se
limiter aux désirs naturels et nécessaires.
6/ Philosophie hédoniste : "le plaisir est notre bien principal et inné", "Le plaisir est le principe
[archè] et la fin [télos, le but] de la vie bienheureuse," la règle d'action (≠ rationalisme moral
socratique : la contemplation du Bien en soi). Le plaisir est la "catégorie existentielle unique" de
l'épicurisme, mais un plaisir raffiné (la vie ascétique d'Epicure est légendaire).
7/ Philosophie matérialiste : tout est composé d'atomes, tout est matériel, l'âme et les dieux y compris.
L'être humain s'inscrit dans cette cosmologie naturaliste comme un être naturel parmi les autres.
8/ Philosophie humaniste : "il faut vivre en dieu parmi les hommes". Cf. Marx. Des hommes maîtres
de leur destin et de leur savoir, un effort pour l'homme pour se donner une mesure qui n'implique
plus de référence à une Mesure de la mesure (du type : les essences platoniciennes) :
En se faisant l'apologiste de la sensation dans le domaine de la connaissance comme
dans celui de l'éthique, Epicure a tenté de donner à l'homme une mesure de lui-même
et des choses ne venant pas d'un domaine qui lui soit extérieur; ce faisant, il est antiplatonicien
et peut passer pour un des pères de l'humanisme. (Jean BRUN).
9/ Philosophie athée : la religion fait le malheur de l'humanité, parce qu'elle nous fait craindre les
dieux; cette crainte gâche l'existence des hommes et les conduit à des pratiques superstitieuses.
Epicure pose les bases du véritable athéisme : non pas l'affirmation que Dieu n'existe pas, mais
l'affirmation que même s'il existe cela ne change strictement rien à la vie des hommes.
10/ Philosophie de la discontinuité : la discontinuité des atomes fournit en effet le cadre de référence
de tous les thèmes épicuriens. Ces thèmes se cristallisent dans l'écart (l'écart hasardeux des atomes,
le clinamen [le hasard seul est nécessaire. Nécessité et hasard sont synonymes], la vie à l'écart des
dieux, l'écart autarcique du sage ("pour vivre heureux, vivons cachés", le Jardin comme
"communauté marginale"), la mise à l'écart des désirs non naturels et non nécessaires, la vie dans
l'instant, à l'écart de toute perspective eschatologique ("Carpe diem").
[...] Les trois facteurs du sensualisme : la sensation : le seul critère de vérité, le point de départ de toute connaissance, contact infaillible : toucher c'est le sens de notre corps tout entier”. “Tout ce qui est perçu est vrai et réel”. “Quel témoignage est plus digne de foi que celui des (Lucrèce). la prénotion : la connaissance naturelle et spontanée du général, tirée de l'expérience [empirisme] et antérieure à la réflexion. Sorte d'empreinte gravée dans ma mémoire : rappel d'une multitude d'expériences sensibles de même nature. Exemple : “Tiens, voilà un cheval l'affection : le point de départ de l'éthique : deux affections, le plaisir et la douleur. [...]
[...] Epicurisme Doctrine d'Epicure (341 - 270 av. J.-C.) reprise par Lucrèce (95-51). En morale, le plaisir est le bien, mais le sage doit se contenter, autant que possible, des plaisirs naturels et nécessaires (ex. boire et manger) qui n'engendrent que d'autres plaisirs et qui sont faciles à acquérir, et éviter la douleur pour atteindre ainsi le bonheur qui est l'absence de trouble [ataraxie et aponie]. En physique, toute théorie est bonne qui explique les choses de façon naturelle comme l'atomisme et qui nous débarrasse du destin et de la superstition; quant à la vie, elle n'est qu'un agrégat provisoire d'atomes, et la mort - qui n'en est que la décomposition - n'est pas à craindre, pas plus que les dieux qui - indifférents aux hommes - vivent dans les intermondes. [...]
[...] le naturalisme épicurien : est le sage qui ne cherchera pas dans le monde une finalité quelconque dont l'ordre manifesterait une transcendance”. L'humanisme épicurien : faut vivre en dieu parmi les hommes”. La condamnation de l'anthropomorphisme : “L'impie n'est pas celui qui méprise le dieux de la foule, mais celui qui adhère à l'idée que la foule se fait des dieux” [idée négative d'un dieujuge]. La claire conception des dieux, nécessairement dépouillée de toute crainte [des dieux non créateurs, ni maîtres de quelque destinée, ni juges des mort] constitue la piété. [...]
[...] MAIS la pensée, qui a compris la fin [télos] et la limite de la chair, et qui a dissipé les craintes au sujet de l'éternité, procure une vie parfaite; elle n'a en rien besoin d'un temps infini. N'ont point d'avenir ceux qui vivent dans l'idolâtrie du lendemain. Ayant dépouillé le présent de sa dimension éternelle, il ne leur reste que la volonté, leur grand recours - et leur grand châtiment. (CIORAN) La droite connaissance, que la mort n'est rien par rapport à nous, rend joyeuse la condition mortelle de la vie, non en ajoutant un temps infini, mais en ôtant le désir de l'immortalité. [...]
[...] Affection du grec pathos : tout rapport des organes des sens [sensualisme] avec les simulacres. Toute sensation est ainsi une affection du corps somatophobie Il y a deux espèces d'affection, le plaisir et la douleur. Les affections sont critères de vérité, parce qu'elles sont règles de vie et d'action. Elles nous renseignent en effet sur un objet, en nous apprenant s'il peut ou non s'accorder avec notre nature. Toute affection est donc une sensation vraie. Amitié Le lien amical fait partie de la sagesse. [...]
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