La société de consommation dans laquelle nous évoluons suscite constamment de nouveaux désirs et en prône la satisfaction. Ces envies, généralement passagères et par définition de l'ordre du pulsionnel, appartiennent à la conscience spontanée du sujet, qui possède en outre une identité personnelle, en partie liée à son essence. Dès lors, ces deux éléments, le désir et l'identité, omniprésents chez l'individu, ont une relation indubitable (...)
[...] Une autre limite à cette thèse réside dans le fait que l'on ne peut pas suivre toutes ses envies même en le voulant. En effet, les désirs sont souvent utopiques, du désir de devenir riche et estimé à celui de vivre sur la Lune. Affirmer qu'il suffit de suivre ses envies pour être soi-même signifierait que lorsque l'on ne peut pas les satisfaire on n'est pas réellement soi-même. La notion d'envie n'est donc pas suffisante pour envisager comment vivre en accord avec sa nature. Il est ainsi nécessaire d'élargir la réflexion afin de déterminer comment le sujet est lui-même. [...]
[...] En restant dans le cadre de la subjectivité, on peut donc affirmer que l'on se construit chaque jour avec la multitude d'éléments auxquels on fait face et qui nous font réagir, que l'on satisfasse nos désirs ou qu'on les réprime. On est ainsi en quelque sorte passif par rapport à ce qui nous détermine, on ne choisit pas ce qui va nous construire mais comment on va y réagir. De prime abord, la réalisation de ses envies peut sembler déterminer le sujet dans sa nature, cependant il serait faux de les lier exclusivement car l'identité personnelle dépasse les actes et se construit différemment mais systématiquement chez chaque individu. [...]
[...] Les envies portent par définition sur des choses qui nous manquent. Or obtenir tout ce que l'on veut, tel qu'un repas copieux par exemple, ne peut pas nous faire être nous même. Les envies sont donc généralement dictées par la nécessité, opposée à l'identité morale du sujet. Le besoin n'a strictement rien à voir avec la nature de l'individu. La satisfaction de certaines envies peut même y être contraire. Un homme peut par exemple s'être fixé comme règle de vie l'honnêteté, idéal qu'il respecte. [...]
[...] Ainsi, dans la mesure où l'on considère que nos actions déterminent cette essence, suivre nos envies participe de notre construction, nous rend en quelque sorte nous-même. C'est ainsi que si un individu satisfait par exemple son désir d'aider les autres, de participer à une œuvre humanitaire, il fera de lui un être altruiste ou considéré comme tel, ce qu'il n'aurait pas été s'il l'avait réprimé pour une raison ou pour une autre. La satisfaction des envies est donc non seulement un moyen de se montrer tel qu'on est mais aussi dans une certaine mesure de construire cette essence propre à chacun. [...]
[...] Comment la satisfaction des envies peut-elle permettre au sujet d'être lui-même ou bien même déterminer son essence ? Suivre ses envies peut dévoiler le sujet sous son vrai jour mais peut aussi le mener à construire son identité. En effet, la réalisation de tous les désirs d'un individu, au-delà de l'épicurisme qui n'incitait qu'à en satisfaire certains, lui permet de se montrer tel qu'il est. Il apparaît, de cette manière, dénué de tout artifice, débarrassé de tous les apparats généralement imposés par la vie en société tels que les convenances, les politesses, caractéristiques de l'individu sociable. [...]
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