Ce texte d'Epictète, présenté sous la forme d'un dialogue, aborde le problème de la nature du mal et de son origine. La thèse soutenue par l'auteur est : le mal trouve son origine dans l'ignorance. Dès lors il ne faut pas s'irriter contre le pécheur, car le mal est la conséquence d'un mauvais jugement, il résulte de l'absence d'une représentation correcte de la réalité. Seul l'exercice de la pensée bien réglée conduit au bien (...)
[...] C'est l'acte de juger vrai ce qui est faux, et inversement. Or le pécheur celui qui commet un crime) est caractérisé par Epictète comme l'individu qui n'use pas correctement de sa faculté de juger, qui met le faux à la place du vrai et qui est victime d'illusions. Il a perdu la vue, c'est-à-dire la vision intellectuelle qui seule permet de distinguer le bien et le mal. Dès lors il est absurde d'envoyer à la mort un homme dont le discernement réfléchi ne peut s'exercer. [...]
[...] La haine, c'est-à-dire le sentiment violent passion) qui nous pousse à vouloir du mal à quelqu'un, est totalement à exclure. En effet, le pécheur ne possède pas un jugement éclairé, il ne discerne pas ce qui est bien et ce qui est mal. Dès lors, va-t-on lui reprocher être aveugle ? Ce serait absurde, contraire à la raison. Le mai ne doit provoquer en nous ni haine ni désir de vengeance qui sont des passions engendrées par une erreur de jugement. [...]
[...] EPICTETE, Entretiens Quoi ! Ce voleur, cet adultère ne devraient pas être mis à mort ! -Ne parle pas ainsi, dis plutôt : Cet homme qui est dans l'erreur et qui se trompe sur les sujets les plus importants, qui a perdu la vue, non point la vue capable de distinguer le blanc et le noir, mais la pensée qui distingue le bien du mal, ne devrait-il périr ? Et si tu parles ainsi, tu verras combien tes paroles sont inhumaines ; c'est comme si tu disais : Cet aveugle, ce sourd ne doit-il pas périr ? [...]
[...] une part, le christianisme nous a transmis l'idée que la morale n'est pas seulement affaire de connaissance. autre part, il faudra attendre Kant et son Essai sur le mal radical pour que la notion de mal, au sens fort, trouve son statut philosophique. L'idée d'une liberté qui se tourne délibérément et en toute connaissance de cause vers le mal est une idée moderne. Elle implique une irrationalité foncière de notre conduite, une anthropologie tragique étrangère au stoïcisme et, plus largement, à la philosophie antique. [...]
[...] Le mal, dit Epictète, ne doit provoquer en nous aucune passion. A la limite, il peut nous faire accéder à la pitié, c'est-à-dire à une sympathie (ou compassion) naissant au spectacle des souffrances d'autrui. Mais, à vrai dire, la position d'Epictète est très nuancée : la pitié n'est pas un sentiment possédant une valeur absolue. La compassion éprouvée pour les souffrances d'autrui est, en effet," contraire à la nature", c'est-à-dire contraire à la nature de l'homme : la raison, définie comme la faculté de bien juger. [...]
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