Oeuvres littéraires, création, émancipation de l'homme, homo technologicus, Aristote, Platon, condition humaine, métaphysique, René Descartes, Henri Bergson, post-humanité
Amicus Plato sed magis amica veritas. J'aime Platon, mais je chéris mieux la vérité. Cet adage philosophique, repris dans le pseudo-Aristote, est généralement sollicité afin d'éconduire l'outil rhétorique qu'est l'argument d'autorité. Mais au-delà de cet usage, on peut lui déceler une profondeur que n'ignore pas le créateur qui n'a de maître que son étoile, sa muse, son inspiration : la vérité de la création, poiein - qui donne poésie en français -, est ineffable et seulement perceptible par le créateur lui-même. Le rêve et l'idée prennent place, pour l'artiste, là où la vérité trône pour le philosophe : "Moi, j'allais, rêvant du divin Platon/ Et de Phidias,/ Et de Salamine et de Marathon,/ Sous l'oeil clignotant des bleus becs de gaz", écrit Verlaine dans le "Croquis parisien" de ses Poèmes saturniens (1866).
[...] En quoi les œuvres littéraires et la création dans un sens plus large, permettent-elles à l'homme de s'émanciper de son état homo technologicus ? Objet et creation Amicus Plato sed magis amica veritas. J'aime Platon, mais je chéris mieux la vérité. Cet adage philosophique, repris dans le pseudo-Aristote, est généralement sollicité afin d'éconduire l'outil rhétorique qu'est l'argument d'autorité. Mais au-delà de cet usage, on peut lui déceler une profondeur que n'ignore pas le créateur qui n'a de maître que son étoile, sa muse, son inspiration : la vérité de la création, poiein - qui donne poésie en français - , est ineffable et seulement perceptible par le créateur lui-même. [...]
[...] Un individu qui se transcende, alors que l'homo technologicus est d'abord un être d'immanence : ancré dans le temps présent, dans l'abus des immédiatetés mécaniques intégrées comme normes existentielles de l'être humain. C'est la condition humaine en elle-même qui en est bouleversée. La dichotomie entre un être qui est et un être qui a - et qui se définit par ce caractère de possession de l'avoir - est exemplifiée par cette rupture anthropologique que suppose le passage d'un homo sapiens à une autre humanité. Inventons l'Homo sapiens technologicus , propose dans cette lignée le philosophe de la contemporanéité Michel Puech, dans son ouvrage Homo Sapiens Technologicus (2008). [...]
[...] Autrement dit, même quand l'objet technique existe (une machine), son processus de réinvention et d'amélioration - ou de mise à jour - est constant et indéfini. Il faut que la genèse de l'objet technique fasse effectivement partie de son existence, et que la relation de l'homme à l'objet technique comporte cette attention à la genèse continue de l'objet technique , écrit Simondon. L'art n'est pas de ce ressort ; la liberté qui lui est attaquée lui indique l'émancipation quasi immédiate de l'œuvre par rapport à l'artiste. La création n'appartient plus au créateur. [...]
[...] La crédibilité d'une poussée artistique Mais dans la création d'un nouvel univers, dans une post-humanité dégagée des oripeaux de l'individu asservi par la technique, quelle est la crédibilité d'une poussée artistique ? Quel élan est à même de dépasser cet asservissement pour le rendre, non plus seulement condition unique de l'humanité, mais l'une de ses nombreuses déclinaisons identitaires ? C'est précisément ce que vise, non pas sur une volonté utilitaire ou servile, mais sans prétention aucune d'efficacité (l'autre nom de la technique), la création artistique. [...]
[...] De sorte que deux étapes essentielles du raisonnement de l'émancipation de la condition humaine à sa réduction contemporaine à l'asservissement technique se font jour. Premièrement, il serait dans la nature de l'intelligence elle-même, selon Bergson, que celle-ci soit la faculté de fabriquer des objets artificiels, en particulier des outils à faire des outils, et d'en varier indéfiniment la fabrication . Et l'intelligence entendue comme faculté de fabriquer des objets se serait émancipée, de son propre chef, du contrôle strict de l'humanité, au contraire de la pensée doxique qui croit que la technique se réduit à la simple technologie, c'est-à-dire à la technique-objet (et n'envisage jamais la technique comme sujet , comme créatrice par elle-même d'un monde et dépositaire d'un système) : on [suppose] que l'homme est libre de faire l'usage qu'il veut d'un instrument neutre selon Ellul, alors qu'il n'est pas libre. [...]
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