Emmanuel Lévinas : Ethique et infini. Dialogues avec Philippe Nemo

Résumé du document

Diffusés sur France Culture aux mois de février-mars 1981, ces entretiens entre
Philippe Nemo et Emmanuel Levinas, baptisés « Éthique et infini », ont été présentés comme
un exposé de la philosophie de Lévinas. Aussi paradoxalement dense que peut apparaître un
texte si court, Éthique et infini nous a semblé d'une richesse très éclairante.
Autant qu'il serait inapproprié de considérer celui-ci comme un condensé de la pensée
même de Lévinas, il ne paraît pas déplacé de l'écouter ou de le lire comme un itinéraire, ou
plus précisément un guide de préparation à sa philosophie. Volontairement clairs et lisibles,
ces dialogues rendent compte du cheminement conceptuel et spirituel du philosophe. Lévinas
y assume et y explicite son adhésion mais aussi sa distanciation vis à vis des influences qui
l'ont marqué. Loin d'être simplement initiatiques, celles-ci, dans un incessant mouvement de
« pli et de repli », semblent avoir aiguillé sa réflexion et déterminé les étapes décisives de
celle-ci retracées au cours de ces entretiens.

Extraits

[...] En tant qu'elle est altérité radicale, mais aussi altérité propre à soi, la paternité est multiplicité et transcendance La sortie de soi y est permise par un au delà du possible l'impulsion d'un avenir, de possibilités au delà de son propre être, non conçus sous les modes du pouvoir ou de la possession. Elle représente une tension vers les possibiltés de l'autre entrevues comme ses propres possibilités. C'est donc l'impulsion vers un avenir pur, sans contenu, ouvert par l'altérité que peut se réaliser la sortie de soi III. LE FONDEMENT DE L'ÉTHIQUE a. [...]

[...] En tant que texte commenté, la Bible ne s'oppose pas chez 2 Lévinas à l'interprétation philosophique. Sans pour autant s'accorder, Lévinas excluant toute synthèse entre ces deux systèmes de pensée, la philosophie ne fait que réfléchir à l'être, tout comme le fait la Bible. C'est dans une certaine relation de hiérarchisation temporelle que Lévinas expose ces deux modes de pensée de l'être. En effet, le sens de la vie humaine est premièrement révélé par la Bible qui est fondatrice. En tant qu'elle pose les questions premières néanmoins toujours actualisables car principielles et universelles, la Bible est pré-philosophique b. [...]

[...] Ainsi il appartient à l'être de la conscience d'être dépendant de l'être des objets auxquels elle parvient. Très vite le dépassement Heideggerien de la philosophie de Husserl s'impose à Emmanuel Lévinas. C'est plus particulièrement les premiers écrits de Heiddeger, et principalement Sein und Zeit, qui vont amener Lévinas à la phénoménologie. D'une philosophie définie par Heidegger comme ontologie fondamentale il retient l'élèvation de l'Être dans sa verbalité, le questionnement de l'être en tant que verbe avant l'exploration de l'être des étants même. [...]

[...] Emmanuel Lévinas : Ethique et infini. Dialogues avec Philippe Nemo Diffusés sur France Culture aux mois de février-mars 1981, ces entretiens entre Philippe Nemo et Emmanuel Levinas, baptisés Éthique et infini ont été présentés comme un exposé de la philosophie de Lévinas. Aussi paradoxalement dense que peut apparaître un texte si court, Éthique et infini nous a semblé d'une richesse très éclairante. Autant qu'il serait inapproprié de considérer celui-ci comme un condensé de la pensée même de Lévinas, il ne paraît pas déplacé de l'écouter ou de le lire comme un itinéraire, ou plus précisément un guide de préparation à sa philosophie. [...]

[...] En tant qu'il projette un futur indeterminé et indéterminable, le temps propulse l'être au delà du Même, vers l'Autre et le rend libre. Comme relation à l'altérité inaccessible, le temps est transcendant. Lévinas trouve alors en l'eros et la paternité les modèles de cette sortie de soi, de cette transcendance de l'être. C'est l'attribut d'altérité du féminin ou du masculin envers l'autre qui fait office de rupture pour Lévinas avec le modèle de la connaissance. L'altérité essentielle du féminin pour le masculin est ici irréductible est impossédable comme peut l'être l'objet du savoir. [...]