Selon le philosophe latin Térence, le philosophe vise à l'universel : « Je suis homme et rien de ce qui est humain ne m'est étranger. ». L'étymologie le confirme, puisqu'elle nous apprend que la Philosophie est l'amour et la recherche de la sagesse et donc d'un certain équilibre individuel et collectif. C'est donc paradoxalement que, dans cet extrait de l'Eloge de la Philosophie, Merleau-Ponty nous affirme au contraire que le philosophe se caractérise par un certain "déséquilibre", qu'il « boite ».
Comment comprendre cette idée, cette vision de la Philosophie ?
Nous verrons que Merleau-Ponty justifie ce paradoxe par la nécessité d'un doute permanent, d'une constante remise en question, seul gage d'une vérité conquise sur les aprioris de la doxa. Dans un second temps, nous analyserons les limites d'une telle position : n'y a-t-il pas quelque danger dans un doute systématique risquant de conduire au nihilisme ? Si le doute est nécessaire, il est nécessaire aussi qu'il soit modéré, équilibré afin de pouvoir apporter savoir et sagesse aux hommes.
Dans son texte, Merleau-Ponty cherche à définir un aspect de la Philosophie, et donc la manière de penser du philosophe, parfois oublié mais pourtant important : le doute.
En effet, le philosophe est un homme qui remet en question le monde, les autres, lui-même, et qui ne se laisse pas prendre par les idées toutes faites, par les préjugés. « La philosophie [...] s'ennuie dans le constitué. ». Ainsi, l'auteur utilise une personnification pour exprimer ce rejet de la conformité et pour mettre en avant la fonction principale de la philosophie : sa fonction éristique. Expliquée simplement par Alain - « Philosopher, c'est dire non. » - cette fonction est au coeur de ce qui fait avancer le philosophe. Avancer, certes, mais avec peine, après de longues réflexions car « la philosophie boite » : c'est la claudication intellectuelle (...)
[...] Si la Philosophie boite, le doute est la seule canne qui lui permet de faire un pas. Le doute est nécessaire pour lutter contre nos préjugés, pour affirmer les fondements de nos connaissances et pour avancer. Mais, par ce à quoi il peut mener, n'est il pas d'une autre manière dangereux ? En effet, le doute, s'il devient scepticisme radical, conduit au rejet de toute valeur, au cynisme. Diogène est le plus célèbre représentant de l'école cynique : la légende a eu raison de la vérité concernant sa vie, mais il est rapporté que ce philosophe, qui vivait dans une jarre de grande taille, parcourait la cité d'Athènes, une lanterne à la main, répétant : Je cherche un homme. [...]
[...] Avancer, certes, mais avec peine, après de longues réflexions car la Philosophie boite : c'est la claudication intellectuelle. Cette démarche, même bancale et hésitante, du Philosophe n'est possible que grâce au doute ; c'est cette précarité de la pensée, cette inconstante naissance de la connaissance, ce point où [tout n'est qu'] avènement qui permet l'émancipation de l'individu et du citoyen : qui permet l'esprit critique, c'est-à-dire le principe de ne tenir une proposition pour vraie que si elle a été établie comme telle selon des procédures rationnelles et rigoureuses - c'est le doute méthodologique de Descartes ou/et à travers des recherches labyrinthiques : doutez de ceux qui trouvent, croyez ceux qui cherchent dit Gide. [...]
[...] Dans son texte, Merleau-Ponty cherche à définir un aspect de la Philosophie, et donc la manière de penser du philosophe, parfois oublié mais pourtant important : le doute. En effet, le philosophe est un homme qui remet en question le monde, les autres, lui-même, et qui ne se laisse pas prendre par les idées toutes faites, par les préjugés. La Philosophie [ ] s'ennuie dans le constitué. Ainsi, l'auteur utilise une personnification pour exprimer ce rejet de la conformité et pour mettre en avant la fonction principale de la Philosophie : sa fonction éristique. [...]
[...] C'est donc paradoxalement que, dans cet extrait de l'Eloge de la Philosophie, Merleau-Ponty nous affirme au contraire que le philosophe se caractérise par un certain ‘déséquilibre', qu'il boite Comment comprendre cette idée, cette vision de la Philosophie ? Nous verrons que Merleau-Ponty justifie ce paradoxe par la nécessité d'un doute permanent, d'une constante remise en question, seul gage d'une vérité conquise sur les aprioris de la doxa. Dans un second temps, nous analyserons les limites d'une telle position : n'y a-t-il pas quelque danger dans un doute systématique risquant de conduire au nihilisme ? [...]
[...] Après s'être tenu dans une posture intellectuelle d'expectative avec son célèbre Que sais- je ? Montaigne en vient à une affirmation exaltée de la vie. Le sceptique solitaire a su descendre de la ‘librairie' de sa tour et, par exemple, devenant maire de Bordeaux, se mêla des affaires de la cité en cherchant à réconcilier catholiques et protestants. Il sut équilibrer le doute systématique par la recherche de la Justice et remplacer ce mol oreiller par un ardent épicurisme. [...]
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