La philosophie arabo-islamique occupe, dans l'évolution de la liberté intellectuelle à l'échelle mondiale, un rôle considérable. Prenant ses distances avec la religion, elle est parvenue à incarner un courant de pensée indépendant tandis que la culture antéislamique, exploitée par les musulmans de la première heure, est rebattue en Djahiliyya (le « temps de l'ignorance »).
Dans l'empire, la bureaucratie, profondément réformée, génère deux corps de clercs : d'une part les théologiens traditionalistes, garants d'une identité religieuse islamique. De l'autre, les philosophes, au rôle de conseillers. Le souverain Al Ma'moun prend résolument le parti des esprits libres, portés à éclairer et à répercuter ses idées. Ils vont, dès lors, dominer son règne.
Au IXe siècle émergent de nouvelles théories sur une compatibilité entre le divin et la spéculation philosophique. Al Farabi compte parmi les figures les plus pertinentes de cette pensée rationaliste. Comparant l'ordre et l'unité de la cité à ceux de l'univers, il associe, dans une même vérité, la philosophie et la religion : la première explique et démontre la seconde.
L'éducation intègre des valeurs, des connaissances et des aptitudes pratiques préparant à viser la perfection, puisque l'être humain a été créé dans ce but. Dans un registre comparable, Al Kindi, auteur de 270 traités scientifiques, ne voit pas de contradiction entre la science révélée aux prophètes et les sciences humaines.
[...] Deuxième édition. Trad. fr. par J.-P. Guinhut: Ed. Sindbad. Paris p. 37-41. À Bagdad, les penseurs n'ont rien à envier au rayonnement culturel de Cordoue, car, très vite, ils acquièrent une renommée mondiale. La Maison de la sagesse était déjà un centre de référence où avaient convergé, dès le Xème siècle, les savants et traducteurs européens avides de théories les plus pertinentes. [...]
[...] À travers sa vision, il tente de réconcilier philosophie et religion. En 1169, il promeut les théories d'Aristote grâce au soutien du calife. Parallèlement, au Moyen- Orient, l'influence soufie met sous l'éteignoir la tendance rationaliste et la tradition philosophique. Son discours décisif son oeuvre la plus connue, comporte un objectif de corrélation entre révélation et philosophie. Averroès évoque la suprématie d'Aristote sur l'ensemble des penseurs de l'Humanité. Son rationalisme, évoqué par nombre de chercheurs contemporains, se conçoit à travers de la vision du commun des mortels : Renan avec son scepticisme critique assez nuancé, Léon Gauthier avec son rationalisme intégral, et manuel Alonso avec sa stricte orthodoxie religieuse Selon Maurice-Ruben Hayoun Averroès pense que la philosophie étudie l'univers avec comme finalité la connaissance de Dieu, tandisque que c'est par la contemplation de l'univers que la loi religieuse ordonne de s'instruire et par conséquent, prescrit l'étude de la philosophie. [...]
[...] C'est ainsi qu'au début du IXe siècle, en plein apogée arabe, la mu`tazila est propulsée dans l'histoire. Ses principes sont imposés rigoureusement, en tant que dogmes de la religion. Les branches principales de cette école, à Bagdad et Bassora, sont à l'origine de ramifications parfois assez divergentes. Sur le plan théorique, la philosophie mu`tazilite tend à établir, par l'observation de la nature, de sa cohérence et de l'homogénéité de ses rapports, une corrélation entre raison et existence de Dieu. Elle relie le principe du libre arbitre, énonçant que l'être humain est seul responsable de ses propres actes, et le principe de justice, selon lequel l'homme s'interdit les actions réprouvées par Dieu (puisque l'homme admet le pouvoir de l'Éternel à récompenser ou infliger le châtiment). [...]
[...] Les phases successives de dominations étrangères ne sont certainement pas le fruit du hasard. Les guerres fratricides avaient fragilisé l'empire à l'époque de la splendeur, facilitant d'autant l'intrusion des puissances étrangères. Par conséquent, la disparité des circonstances qui ont perpétué la logique d'échec relève d'une corrélation entre des facteurs internes et étrangers à la région arabe. L'ach'arisme est la forme du kalâm la plus récusée par Averroès, selon Dominique Urvoy. Abou al Hasan al Ach'ari, d'abord mu'tazilite, se réclame des gens de la tradition et de la communauté, par opposition à ceux qui se sont mis à l'écart (les mu'tazilites). [...]
[...] Les liens entre philosophie et religion avaient déjà suscité l'intérêt des Syriaques de Mésopotamie et de Syrie avant les invasions arabes. Ils s'étaient référés aux acquis de la Grèce antique. C'est par leur intermédiaire (entre autres Hunayn ibn Ishaq, qui a évolué sous les califes abbassides de Bagdad), que sont transmises les oeuvres philosophiques grecques réalisées par Platon et Aristote. Les traducteurs et commentateurs syriaques poursuivront même leurs travaux sous l'emprise mongole du XIIIème siècle. Hossein Nasr (Seyyed), Sciences et savoir en islam. [...]
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