L'éducation de l'homme est nécessaire et indispensable, car il est à la naissance un être en devenir, qui parce qu'il n'est pas qu'instinctif, peut évoluer.
D'autre part, il est un individu social, et l'éducation permet l'acceptation des normes et des valeurs qui régissent notre société, sans laquelle toute vie dans cette dernière est difficile, voire impossible.
[...] Son évolution ne peut se faire que s'il est éduqué. L'éducation est alors la clef de la perfectibilité. Il est soumis à cette obligation d'apprendre pour évoluer, survivre et vivre. En évoluant et en apprenant, il devient membre de l'espèce humaine, alors qu'en naissant, il n'y appartient que potentiellement. L'éducation permet donc l'émergence de son humanité. Ainsi, quelle que soit sa déficience, l'enfant appartient à l'espèce humaine. L'autre particularité, c'est que l'accumulation du savoir et des acquis est tellement grande que chaque être humain ne peut se l'approprier que partiellement. [...]
[...] En mettant un enfant au monde et en l'éduquant, nous prenons la responsabilité de sa vie et de son développement, mais aussi celle de la continuité du monde. C'est en quelque sorte donner les moyens à l'enfant de se protéger d'une société qui pourrait le détruire (s'il n'était pas éduqué) et protéger la société de ces nouveaux arrivants. C'est le principe duquel Kant part : il faut éduquer les enfants non pas dans l'état actuel, mais en vue d'un futur meilleur. [...]
[...] Par la connaissance, l'homme passif devient actif. C'est pour cela que les despotes n'aiment ni la raison, ni la vérité, qu'ils envoient au bûcher penseurs et livres, et qu'ils endoctrinent dès le plus jeune âge les enfants ( et l'on voit bien dans ce dernier exemple l'enjeu politique de l'éducation). Il est plus aisé de gouverner une masse de moutons laissés dans l'ignorance. L'homme instruit, raisonné et raisonnable, qui se sait soumis aux lois extérieures et à celles qui régissent son psychisme, peut faire des choix en étant libéré le plus possible des instincts, des passions. [...]
[...] Mais cette mise en conformité pose la question de la liberté. Nous verrons que cette dernière, si elle n'est jamais absolue, existe néanmoins, et qu'elle est à conquérir, notamment grâce à l'éducation. Enfin, l'éducation permet à l'individu d'être responsable de son devenir, de celui de l'humanité, et de s'inscrire dans une temporalité. L'homme a une particularité par rapport aux autres espèces, c'est qu'il arrive au monde inachevé. Il est incapable de subvenir seul à ses besoins élémentaires, alors que beaucoup d'espèces animales s'adaptent très vite à leur milieu naturel. [...]
[...] Cela permet de mieux comprendre les jeunes dont nous occupons, qui sont carencés que ce soit affectivement, éducativement, socialement, financièrement, culturellement (et parfois sur tous les plans en même temps) et de saisir leurs difficultés à se sentir libres, responsables et à répondre aux exigences de la société. D'autant que certains farouches défenseurs du déterminisme laissent entendre que ces comportements sont quasiment héréditaires et ne pourraient être corrigés. Le fait même que ces enfants soient en devenir, porteurs de potentialités me permet d'être convaincue que rien n'est inéluctable. La perfectibilité suppose l'amélioration. [...]
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