Il est généralement admis que deux plus deux font quatre, comme il est admis qu'être trop franc lorsqu'on veut dire à une personne ce qu'on pense réellement d'elle - si toutefois cette opinion n'est pas complètement positive – n'est pas toujours bon. Aussi, lorsque l'on demandera à un adulte « bien éduqué » pourquoi on doit faire cela, il répondra : « Parce que l'on me l'a appris ainsi. » Mais cet individu aurait-il appliqué ces concepts s'ils ne lui avaient pas été appris ? L'aurait-il fait naturellement ? Dès lors, nous pouvons nous poser la question : éduquer, est-ce dénaturer ?
Éduquer scientifiquement, c'est apprendre, dans le but de faire devenir savant le sujet éduqué, de lui faire apprendre des choses. Éduquer moralement, c'est imposer, ou du moins faire accepter, des règles de vie communément admises dans la société. Dénaturer, c'est transformer l'individu original en stéréotype de l'individu « parfait », selon le point de vue du sujet « dénaturant », ici le sujet « éduquant ».
[...] Eduquer, est-ce dénaturer ? Il est généralement admis que deux plus deux font quatre, comme il est admis qu'être trop franc lorsqu'on veut dire à une personne ce qu'on pense réellement d'elle - si toutefois cette opinion n'est pas complètement positive n'est pas toujours bon. Aussi, lorsque l'on demandera à un adulte bien éduqué pourquoi on doit faire cela, il répondra : Parce que l'on me l'a appris ainsi. Mais cet individu aurait-il appliqué ces concepts s'ils ne lui avaient pas été appris ? [...]
[...] On ne dénature que lorsqu'on éduque un adulte, qui a déjà fait un choix d'idéal de vie, et à qui on en impose un autre. Mais à partir du moment où l'éducation devient une sollicitation de l'intelligence, de la faculté de juger de l'individu, l'éducation n'est plus une dénaturation. Toutefois, même cette pensée est une illusion, puisque finalement tout découle des idéaux sociaux imposés au début à l'individu, qui lui permettront paradoxalement de vivre librement. Eduquer, c'est dénaturer ; mais c'est un mal nécessaire. Bibliographie indicative Est-il encore possible d'éduquer ? [...]
[...] Mais est-ce une dénaturation ? L'enfant renie-t-il sa nature intrinsèque lorsqu'il devient finalement ce qu'on veut faire de lui ? IL faudrait pour cela qu'il ait déjà vécu. L'adulte que l'on éduque posera des questions, demandera des explications que ses professeurs ne pourront nécessairement lui donner, puisqu'elles porteront sur des principes intériorisés depuis bien longtemps. Cependant, si l'individu éduqué a déjà une expérience derrière lui, l'éducation ne peut-elle pas se transformer en un dialogue entre le professeur et l'élève ? [...]
[...] Il en va de même moralement. Au début de l'éducation de l'enfant, les adultes déjà éduqués se contenteront de remplir son surmoi de règles de vie, d'idéaux sociaux. Eux-mêmes les ont tellement intériorisés qu'ils les appliquent inconsciemment. L'enfant, s'il se révolte un peu aux commencements, va rapidement intérioriser lui aussi ces idéaux vers cinq ans, selon Freud. Le célèbre psychanalyste affirme même que l'enfant peut être choqué si ces concepts ne sont pas respectés ; il prend ainsi l'exemple d'une fillette qui apprend à sa poupée à dire bonjour, et la frappe si elle estime que la poupée a désobéi. [...]
[...] Dans ce cas, éduquer, n'est-ce pas dénaturer en donnant l'illusion que l'on reste soi- même ? Les idéaux sociaux, s'ils sont intériorisés suffisamment tôt dans la vie de l'individu, sont généralement intériorisés pour la vie. Ainsi, la personnalité d'un individu résulte de ces idéaux est conditionnée par eux. Donc lorsque nous participons nous-mêmes à notre éducation, ces principes y participent également. Et puisque ces idéaux ne proviennent pas de notre moi originel, nous pouvons avancer que l'éducation est une dénaturation. [...]
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