Comme l'a mentionné le philosophe Eric Weil, « il faut éduquer les hommes, c'est-à-dire former des hommes capables de décider raisonnablement à leur place dans le monde, et d'agir raisonnablement, c'est-à-dire selon les exigences de l'universel dans la situation concrète, sachant ce qu'ils font et pourquoi ils le font ». Le sujet de l'éducation est demeuré polémique, un lieu de crise permanente. Ainsi, un sage babylonien affirmait déjà en 3000 avant Jésus-Christ sur une poterie d'argile dans les ruines de Babylone : « cette jeunesse est pourrie depuis le fond du coeur, les jeunes sont malfaisants et paresseux. Ils ne seront jamais comme la jeunesse d'autrefois... Ceux d'aujourd'hui ne seront pas capables de maintenir notre culture ».
[...] L'acte éducatif n'est ainsi plus une trahison, mais un accompagnement. En effet, l'éducation, se veut être une démarche ambitieuse dont l'objectif est de développer les diverses qualités de l'élève, notamment dans sa manière d'être, de se comporter et de mener son existence en société. A l'école, l'éducation vise à aider les citoyens de demain à se procurer outre les fondements essentiels du savoir, les outils civiques et moraux leur permettant de réussir dans leur vie future et de s'intégrer dans la société. [...]
[...] Toutefois, il ne faut pas adopter un point de vue absolument manichéen en déclarant qu' éduquer c'est trahir En effet, même si dans certains cas, l'acte éducatif est biaisé, l'éducation est nécessaire pour l'élévation de l'Homme. C'est grâce à l'éducation que l'Homme pourra s'intégrer dans la société qui l'entoure, et développer un esprit critique. John Dewey écrivit d'ailleurs à ce propos que l'éducation est un progrès social L'éducation est non pas une préparation à la vie, l'éducation est la vie même Dans son Émile, Rousseau prétend qu'il faut laisser libre jeu à la nature; l'art de l'éducateur consiste à écarter les obstacles et à créer les meilleures conditions possibles, qui permettent aux facultés et aux instincts de se développer conformément à leur propre nature. [...]
[...] D'où l'importance de l'éducation pour en arriver au stade supérieur. Dans le cas d'une éducation qui viserait alors à émanciper l'Homme, l'acte éducatif n'est pas un acte qui vise à conditionner l'adulte ou l'enfant, à le subordonner à un modèle, mais au contraire, un acte qui vise à faciliter, à promouvoir, à étoffer toute cette humanité dont l'enfant, ou l'adulte, est porteur. L'éducation a alors pour finalité de permettre à l'Homme de développer un libre arbitre propre, mais aussi un esprit critique, essentiel à son émancipation. [...]
[...] L'éducation, du point de vue anthropomorphique est l'ensemble des moyens qui permettent de conduire l'Homme à sa propre humanité, en l'insérant dans la communauté humaine. Montesquieu remarque à cet effet, non sans finesse, que nous recevons aujourd'hui trois éducations différentes ou contraires : celle de nos pères, celle de nos maîtres, celle du monde. Ce qu'on nous dit dans la dernière renverse toutes les idées des premières, chose que les anciens ne connaissaient pas. Malheureusement, Montesquieu ne nous dit rien des moyens de rétablir entre l'éducation et la société moderne cet accord si précieux. [...]
[...] Il faut entendre par là que l'acte éducatif consiste en une déformation des sujets afin de les façonner à l'image de l'éducateur. On peut ainsi prétendre que toute éducation est en somme une acculturation, qu'elle entraine des modifications idéologiques initiales, des individus. En effet, pour un éducateur, transmettre est toujours actualiser, et bien souvent recréer. Et puis, qui peut se prétendre, se prévaloir, d'éduquer les peuples, avec une humanité tâtonnante, une maturité toujours en sursis, pour intervenir auprès d'un enfant ou d'un adulte, poser des interdits, prescrire des exigences, ouvrir ou fermer certaines voies ? [...]
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