L'échange est un fait humain, consistant à faire parvenir à autrui un objet quelconque (un bien, un service, un signe, même une femme ...) tandis qu'autrui me donne en contrepartie un autre objet d'une valeur en théorie équivalente, en fait souvent inégale. Quel lien y a-t-il entre échange et violence ? La violence est un usage de la force envers autrui (voire soi-même), pour parvenir à des fins contre son gré. La violence peut exister sous forme verbale, morale, psychologique, physique ... De quelle manière la violence peut-elle faire partie de l'échange, et réciproquement ? Y a-t-il violence dans tout échange ? Ou bien l'échange n'est-il pas plutôt un moyen de la combattre ? Dans quelle mesure la violence doit-elle faire partie de l'échange ? En effet on constate tout d'abord que chaque échange implique une certaine violence, envers autrui, envers soi ou dans les termes de l'échange. Mais échanger permet d'un autre côté de dépasser le stade de la violence, en changeant l'image et la place d'autrui. Ainsi il n'est pas question de la même violence, c'est pourquoi toute violence dans l'échange n'est pas négative ...
[...] Cela permettrait de pacifier un côté de l'échange, de le baser sur la confiance réciproque, et ainsi augmenter leur portée, augmentant par la même occasion la paix et la socialisation. Mais la violence de l'échange que l'on ne peut combattre doit être vue comme le moyen de se détourner d'une violence bien plus importante, cette violence que l'échange permet de fuir. Il faut en effet la fuir, et l'échange est pour cela un bon moyen. En effet, elle est facteur et signe de régression dans le niveau des rapports humains. [...]
[...] L'échange détourne donc de la violence en tant que facteur de régression dans les rapports humains ; et d'un point de vue utilitaire, (comme dans un système capitaliste), l'échange est toujours préférable à la force et à la violence pour atteindre un niveau de vie correct. C'est cette forme de violence qu'en toute rationalité il est préférable de combattre, grâce à l'échange. L'échange renvoie donc à deux types de violence. Une qu'il entraîne : non seulement l'inégalité dans les termes de l'échange mais aussi la violence faite à autrui en l'obligeant et à soi par un effort de réflexion. [...]
[...] Cette forme de don est donc bien une violence, car elle met en scène un dominé et un dominant. Quant aux autres formes d'échange, elles impliquent aussi une certaine violence, car chaque échange oblige autrui : il faut rendre, il doit rendre, il doit remplir les conditions du contrat qu'est l'échange, sans quoi il y a vol ; (ou don, mais cependant il a été démontré que tout homme qui reçoit un don cherche à le rendre de quelque forme que ce soit). [...]
[...] En cela, le stade de simple violence, très animal, est dépassé. L'échange permet donc de dépasser cette violence-là : les hommes s'entre- tuent beaucoup moins pour des richesses s'ils divisent leurs tâches et ensuite échangent leurs productions. Le potlatch a également cette dimension : ce système de dons et de contre-dons permet d'éviter la guerre. Par exemple, de deux tribus, celle qui finira par ne pas pouvoir rendre sera la plus faible, l'inférieure, comme si elle avait été soumise et vaincue par une guerre. [...]
[...] L'échange est donc une forme de violence transcendée, c'est une guerre détournée, un conflit ramené au niveau des termes de l'échange. Il faut donc cultiver l'échange, car il nous permet plus sûrement d'accéder tout d'abord à la paix mais aussi à la socialisation et à la prospérité. L'échange permet aussi de réaliser notre humanité tout entière et de l'élever en dépassant le stade de la guerre, violence seulement pour parvenir à ses fins, bien moins efficace car moins réfléchie, donc moins humaine. [...]
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