Dissertation de Philosophie sur la religion. Le doute s'oppose-t-il à la croyance ?
[...] Le doute devient ici cause de la croyance. Dissertation rédigée "S'opposer à" peut signifier entrer en conflit, se poser contre, ou tout simplement être contraire à. Lorsque deux concepts s'opposent, faut-il qu'ils s'excluent ou peuvent-il se compléter, justement parce qu'ils ont des sens contraires ? Le sens commun perçoit plus facilement l'opposition du doute et de la croyance, dans leur usage habituels, mais que signifie douter et croire pour le sens commun ? Le sens habituel qu'ont pris ces concepts dans le langage commun qui n'envisage qu'un doute source d'hésitation et une croyance source de confiance, n'est pas nécessairement leur sens le plus profond. [...]
[...] Le sceptique adopte une attitude d'épochè au sens que prend ce mot dans la Grèce antique, il suspend tout jugement affirmatif, et doute donc constamment et de tout. Mais n'est-ce pas là une foi déguisée, une croyance tout aussi dogmatique ? Le sceptique ne recherche même pas la vérité, il affirme a priori qu'il n'y a pas de certitude, qu'il n'y a rien de certain. Il se méfie du fait de croire qui invalide a priori tout jugement. Adhérer subjectivement à une idée est en soi suspect. [...]
[...] Si mes croyances sont acceptées sans autre forme de procès, elles sont subies, elles s'imposent à moi. Je les accepte comme "certitude" parce que depuis l'enfance elles m'ont été enseignées comme telles. Pour Hume, c'est l'habitude qui constitue ces certitudes, mais pour lui elles ne sont que des croyances purement subjectives : ainsi je suppose qu'un phénomène qui précède constamment un autre est sa cause, mais que puis-je en savoir ? J'affirme comme une certitude que "le soleil se lèvera demain", mais d'où me vient cette croyance sinon de l'habitude ? [...]
[...] Le doute paraît s'opposer logiquement à la croyance. Douter, selon l'opinion commune, c'est hésiter, ne pas s'engager, ne pas être certain. Ici le doute semble subi, il me contraint et me paralyse, il empêche ma pensée de s'affirmer. La croyance au contraire est source de confiance, de pensée et d'action. Si je crois, je peux décider et agir. Ainsi, "croire en soi" s'oppose bien à "douter de soi", et l'opposition est aussi celle de deux valeurs. Le doute est négatif, il semble m'aliéner, me priver de ma liberté, alors que la croyance est positive, elle me libère de toute hésitation. [...]
[...] Si l'opinion commune oppose la croyance et le doute, c'est pour valoriser l'une au dépens de l'autre. Mais cette position peut être dépassée si l'on réfléchit que toute démarche de pensée implique une mise en doute, qui permet de se poser des questions. Toutefois en rester aux questions elle mêmes peut paraître stérile et l'attitude sceptique est critiquable en ce qu'elle se fige en un dogmatisme rigide qui pose que rien n'est sûr. Le doute peut aussi créer la croyance comme but même de sa démarche, il la recherche et la produit, ce qui permet d'agir, même si la mise en cause est toujours possible, pour que reste vivante la réflexion. [...]
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