On dit généralement du père et de la mère qu'ils ont « donné la vie » à leur enfant. En effet de la rencontre de ces deux monades, surgit une nouvelle monade qui entame alors un processus de croissance : une nouvelle entité est créée dotée de sa propre zoê et de son propre bios. Si l'on décompose l'expression « donner la vie » on retrouve le verbe donner qui fait appel à l'idée de transmission, d'offrande : ainsi à partir du moment au l'on donne la vie, où l'enfant vient au monde, alors sa vie lui est propre, elle est à lui et il peut en faire ce qu'il veut.
Dans l'idée de don, il y a également l'idée que toute attente de quelque chose en retour est exclue. Par conséquent celui qui donne la vie n'est pas en conséquence en mesure de réclamer quoi que ce soit à son enfant : une fois le cordon ombilical rompu, chacune de ces deux vies sont définitivement détachées. Pourtant on parle bien d'un lien de parenté, ce qui signifie bien qu'il y a toujours interaction de ces deux vies même après la naissance et que l'une attend bien quelque chose en retour de l'autre. Les parents réclament une bonne conduite de leurs enfants. Dès lors doit-on leur retirer annuler l'idée de don ?
Dans un tel contexte, l'expression « donner la vie » a-t-elle encore un sens?
[...] Par conséquent celui qui donne la vie n'est pas en conséquence en mesure de réclamer quoi que ce soit à son enfant : une fois le cordon ombilical rompu, chacune de ces deux vies est définitivement détachée. Pourtant on parle bien d'un lien de parenté, ce qui signifie bien qu'il y a toujours interaction de ces deux vies même après la naissance et que l'une attend bien quelque chose en retour de l'autre. Les parents réclament une bonne conduite de leurs enfants. Dès lors doit-on leur retirer l'idée de don? [...]
[...] Donner la vie est une expression couramment utilisée pour manifester le devoir de reconnaissance envers ses géniteurs. Donner la vie c'est une tournure élégante synonyme de mettre au monde. On parle du père et de la mère comme ceux qui ont donné la vie. L'enfant serait issu de leur choix délibéré de créer une vie nouvelle librement menée par la suite par l'enfant (son propre bios) qui aurait les capacités de s'auto réaliser (zoê indépendante) et de voler de ses propres ailes Ainsi Prométhée Pourtant, pour donner il faut être propriétaire. [...]
[...] Donner la vie ce n'est pas (sauf exceptions) donner sa vie mieux encore c'est au contraire faire perdurer la vie. Lorsqu'un enfant vient au monde il est la garantie qu'il demeurera une trace de soi dans le monde au moins de son existence. L'enfant est le lien qui évite toute discontinuité dans la linéarité de la vie. Ce qu'illustre bien à la mort d'un roi le traditionnel le roi est mort ,vive le roi qui marque une continuité de la vie royale. [...]
[...] Pourtant pourrait-il donner la vie comme bios? En effet en éduquant l'enfant, l'homme lui apprend à acquérir un bios, à mener librement son existence : en cela il lui donne une vie. Plus que vivre, c'est lui apprendre à exister (ex-sistere) c'est-à-dire à rester debout et donc apprendre à surmonter les obstacles. Ainsi Rousseau dans l'Emile, en s'attachant à l'éducation, à une éducation naturelle qui préserverait l'individu de la corruption de la société lui apprend à exister, lui offre un bios : Ainsi, si donner la vie semble avoir peu de sens lorsqu'il s'agit de la zoê, l'expression semble avoir plus de sens lorsque l'on parle de la vie comme bios et que l'on s'attache à bien éduquer l'enfant. [...]
[...] Dès lors perdent-ils réellement la vie? Ou plutôt une vie voire une part de la vie? Mais cela ne sert-il pas à au contraire au lieu de perdre leur vie, la préserver grâce à un successeur? La vie, comme les autres dons ne connaît pas vraiment de geste de transmission, ne peut être confisquée . Il semblerait en effet qu'en vérité ceux qui semblent se définir comme propriétaires de la vie, soient au contraire ses propriétés voire la vie même. [...]
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